par Bernie Woodall

2 septembre (Reuters) - S'appuyant sur l'exemple d'Arkema au Texas, les organisations environnementales américaines réclament un renforcement du contrôle de l'industrie chimique, contre la volonté de Donald Trump de réduire les normes de régulation du secteur et de supprimer son agence de sûreté (Chemical Safety Board).

L'usine de Crosby, qui appartient au groupe chimique français, a subi plusieurs incendies en raison de coupures de courant dues aux inondations provoquées par Harvey.

Des dizaines d'autres usines ou raffineries ont signalé des fuites comme conséquence de la tempête et des crues historiques qui l'ont accompagnée.

"L'ensemble de la situation à l'usine de Crosby illustre à quel point la politique de sûreté chimique est inadaptée", déclaré Gretchen Goldman, directrice de recherche au sein de l'Union of Concerned Scientists (Union des scientifiques préoccupés, UCS).

Selon elle, les entreprises devraient avoir pour obligation de préciser davantage le type de produits qu'elles stockent sur leurs sites et se soumettre à davantage de contrôles.

Mieux connaître les produits pourrait permettre aux services de secours d'agir plus efficacement, fait valoir Gretchen Goldman.

Quant à la régulation plus stricte, elle n'aurait sans doute pas empêché tous les problèmes rencontrés par les usines au Texas, mais elle aurait pu en réduire quelques-uns, en exigeant par exemple que le nombre de générateurs de secours soit plus élevé que les pires scénarios d'inondations ne l'exigent.

ACCÈS PUBLIC

En mars dernier, Donald Trump a préconisé la suppression du Chemical Safety Board (CSB), qui a pour tâche d'enquêter sur les accidents chimiques, comme elle le fait à Crosby.

Vanessa Allen Sutherland, la directrice du CSB, a défendu jeudi devant la presse la pertinence du travail de son agence fédérale : "Si nous disparaissions, il n'y aurait pas d'autre entité pour remplir le vide" et déceler les causes profondes des accidents.

Interrogée vendredi sur l'avenir du CSB, la porte-parole de la Maison blanche Kelly Love a répondu que l'administration ferait connaître sa décision en temps et en heure.

En juin, l'Agence de protection de l'environnement (EPA) a repoussé à février 2019 la mise en place de normes plus strictes dans l'industrie chimique préparées par le précédent gouvernement de Barack Obama.

Ces nouvelles normes doivent notamment obliger les entreprises à divulguer davantage d'informations au public sur les produits entreposés dans leurs installations.

La décision d'en repousser la mise en oeuvre par l'EPA, dirigée depuis février par le climatosceptique Scott Pruitt, est un mauvais signal envoyé aux entreprises, qui estimeront qu'elles "n'ont pas besoin de se préparer à se mettre en conformité avec les mesures de protection", déplore l'ONG Environmental Defense Fund dans un courriel envoyé après les explosions survenues jeudi à l'usine d'Arkema.

La porte-parole de l'EPA Amy Graham a déclaré que ce report n'aurait eu aucun impact sur l'incident de Crosby car les règles ne seraient de toute façon pas encore entrées en vigueur.

L'administration Trump juge aussi que l'obligation de fournir un accès public aux informations concernant les produits chimiques stockés sur les sites industriels pourrait rendre ces derniers plus vulnérables à des attaques. (Avec Valerie Volovici à Washington; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)