New York (awp/afp) - Les compagnies aériennes américaines ont eu le vent en poupe au deuxième trimestre, plusieurs signalant même des records historiques grâce à une demande forte en particulier à l'international, mais des incertitudes voilent leur horizon selon des analystes.

Delta Air Lines a enregistré les meilleures performances trimestrielles de son histoire, United Airlines a triplé son bénéfice, American Airlines a vécu un trimestre "fantastique".

Toutes trois ont égalé, voire dépassé, les pronostics du marché et toutes trois ont relevé leurs prévisions pour 2023.

Mais les analystes se montrent circonspects sur le reste de l'exercice, à l'instar d'Edward Moya d'Oanda.com qui craint un essoufflement de la demande et une hausse des prix du pétrole au second semestre.

American, qui a publié ses résultats jeudi matin, "a réalisé un bénéfice de 1,3 milliard parce que les voyageurs étaient survoltés cet été mais les perspectives pour la suite ne sont pas aussi robustes", a-t-il écrit dans une note, justifiant ainsi la chute du titre à Wall Street.

A 18H50 GMT, son action perdait 6,16%.

Pour Christopher Raite, analyste de Third Bridge, cette baisse peut aussi s'expliquer par la stagnation des voyages d'affaires autour de 80% du niveau prépandémie.

Selon lui, 5 à 10% de ces voyages se sont "volatilisés définitivement" avec l'essor du télétravail. Or, "avant la pandémie, 70% des résultats étaient générés par ces voyageurs", a-t-il souligné.

Reste que la direction du groupe était plutôt enjouée lors d'une audioconférence avec les analystes, saluant le meilleur trimestre de son histoire. Comme Delta l'avait fait exactement une semaine auparavant.

"La demande des consommateurs pour les trajets aériens reste robuste", avait relevé Ed Bastian, patron de Delta, dont le titre était stable jeudi (-0,04%).

Dynamisme

Robert Isom, patron d'American, a rapporté une progression "dans toutes les branches, avec une demande particulièrement forte dans les voyages internationaux avant l'été". Et "le dynamisme s'est poursuivi en juillet", a-t-il précisé.

United, dont l'action progressait de 3,03% au lendemain de l'annonce de ses résultats après Bourse, a publié des performances "impressionnantes malgré des difficultés opérationnelles", a souligné Michael Linenberg, de Deutsche Bank.

La compagnie a en effet annulé plusieurs milliers de vols la semaine précédant la fête nationale du 4 juillet à cause d'orages et de fumées d'incendies au Canada ce qui a désorganisé le planning des personnels de bord.

M. Linenberg a salué, dans ces circonstances, une marge opérationnelle avant impôts de 15,3% qui est similaire à celle de Delta (15,2%). Sauf que cette dernière inclut, a-t-il rappelé, l'effet des nouvelles conditions salariales des pilotes.

L'issue de ces négociations chez United et American fait partie des éléments incitant les opérateurs de marché à faire preuve de prudence.

Selon la presse, United est parvenue la semaine dernière à un accord préliminaire avec ses pilotes pour une hausse salariale autour de 40%.

Et M. Isom s'est engagé jeudi matin à "se mettre en adéquation avec ce que United Airlines propose" à ses pilotes. Il a précisé que les nouvelles prévisions pour 2023 --bénéfice par action hors éléments exceptionnels compris entre 3 et 3,75 dollars, contre 2,50 à 3,50 dollars auparavant-- en tenaient compte.

Sur le deuxième trimestre, il s'est établi à 1,88 dollar, soit 30 cents au-dessus du consensus des analystes.

Delta, qui a également revu à la hausse ses prévisions, s'attend à un chiffre d'affaires record au troisième trimestre et "le quatrième trimestre va être fort", a anticipé M. Bastian sur CNBC.

Les compagnies vont connaître "un été fort, avec des prix élevés car elles n'ont pas pu augmenter les capacités comme elles le souhaitaient", et elles vont donc avoir une rentabilité élevée, a expliqué Christopher Raite.

Mais, selon lui, elle "va s'éroder lorsque la capacité va dépasser le niveau de 2019. Le pic estival n'aura été qu'un pic estival". D'autant que les nouvelles conditions salariales "vont alourdir les coûts".

afp/rp