(Actualisé, rapport de l'AIEA, levée des sanctions)

* L'Iran a respecté ses engagements, dit l'AIEA

* En conséquence, les sanctions sont levées

* L'Iran libère cinq Américains

* Les USA vont relâcher sept détenus iraniens

* L'Iran va acheter 114 Airbus

par Lesley Wroughton et Sam Wilkin

VIENNE/DUBAI, 16 janvier (Reuters) - Les sanctions économiques et financières contre l'Iran vont être levées, a annoncé samedi soir à Vienne Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne, l'AIEA ayant reconnu que Téhéran avait respecté ses engagements liés à l'accord sur le nucléaire conclu avec les grandes puissances en juillet dernier.

"Aujourd'hui, nous sommes parvenus au jour d'entrée en vigueur ('Implementation Day')" du plan d'action prévu par l'accord conclu le 14 juillet 2015, a dit aux journalistes la Haute Représentante de l'UE pour la politique extérieure et de sécurité commune.

Concrètement, des milliards de dollars vont désormais pouvoir être investis en Iran.

A Washington, le président Barack Obama a signé un décret annulant les sanctions américaines visant la République islamique.

A Bruxelles, l'Union européenne a aussi lancé le processus de levée des sanctions qui requiert l'accord du Conseil européen, ce qui devrait prendre peu de temps, a-t-on appris de source diplomatique.

Le président iranien Hassan Rohani, sur son compte Twitter, a adressé ses félicitations à la nation iranienne à la suite de l'entrée en vigueur de l'accord, ce qu'il a présenté comme une "glorieuse victoire".

L'AIEA avait auparavant annoncé que l'Iran avait respecté ses engagements. "L'Iran a appliqué toutes les mesures requises (aux termes de l'accord de juillet) pour permettre l'entrée en vigueur de cet accord", a précisé l'Agence internationale de l'énergie atomique dans un communiqué.

Le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, va se rendre dimanche en Iran, a annoncé le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

La décision de l'AIEA était attendue et Téhéran et Washington avaient déjà fait dans la journée un geste de bonne volonté, un échange de prisonniers.

TÉHÉRAN VA ACHETER DES AIRBUS

L'Iran a libéré cinq Américains, dont un journaliste du Washington Post. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a précisé qu'ils devraient bientôt rentrer chez eux.

Pour leur part, les Etats-Unis vont libérer sept Iraniens, dont six ont aussi la nationalité américaine, arrêtés aux Etats-Unis pour avoir violé les sanctions visant la République islamique.

Washington a aussi décidé d'annuler les poursuites lancées contre 14 autres Iraniens soupçonnés d'avoir participé à l'achat d'armes aux Etats-Unis afin de les livrer à l'Iran et dont Washington réclamait l'extradition via Interpol.

Parmi les Américains libérés figurent le chef du bureau du Washington Post à Téhéran, Jason Rezaian, détenu depuis 2014 et condamné pour espionnage, l'ancien "marine" Amir Hekmati, le pasteur Saeed Abedini et Nosratollah Khosravi. Ces quatre hommes ont également la nationalité iranienne.

Un cinquième Américain, l'étudiant Matthew Trevithick, a été libéré séparément par les Iraniens.

Dès avant l'annonce de la levée des sanctions, l'agence de presse iranienne Mehr a annoncé que des dirigeants de deux des plus importantes compagnies pétrolières mondiales, Shell et Total, étaient arrivés à Téhéran pour des discussions avec les sociétés d'Etat.

L'Iran a par ailleurs décidé d'acheter 114 avions civils à Airbus, a annoncé le ministre iranien des Transports.

Depuis l'accord conclu le 14 juillet entre Téhéran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), l'Iran a réduit de façon drastique le nombre de ses centrifugeuses installées sur ses sites d'enrichissement de l'uranium, livré des tonnes l'uranium faiblement enrichi à la Russie et démantelé le coeur de son réacteur nucléaire d'Arak. (Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Airbus Group, Total