AJOUTE réaction du Médef au 9e para

PARIS (awp/afp) - Bien qu'en grande difficulté financière, cafés, bars et restaurants se résignaient vendredi à garder portes closes au moins cinq semaines de plus avec un soutien de l'Etat renforcé, et à n'être fixés sur leur sort que fin mai, afin de rouvrir en toute sécurité.

Il y aura une "décision finale vers la fin du mois de mai pour avoir une date de réouverture des cafés, restaurants et bars", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire à l'issue d'une réunion à l'Elysée, consacrée aux difficultés de l'hôtellerie-restauration et du tourisme.

"Ce virus n'aime pas l'art de vivre à la française (...) parce qu'il se propage essentiellement par contact humain", avait pour sa part estimé le président de la République Emmanuel Macron au début de cette réunion.

Pour aider ces établissements à rester à flot malgré des trésoreries très mal en point, l'accès au Fonds de solidarité sera élargi, à compter du 1er juin, aux entreprises employant jusqu'à 20 salariés et réalisant jusqu'à 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, contre 10 salariés et 1 million de chiffre d'affaires pour l'ensemble des TPE.

En outre, le montant de l'aide sera doublé à 10.000 euros au maximum pour les entreprises, fermées depuis le 15 mars, d'un secteur qui emploie un million de salariés dans 18.600 hôtels, 168.000 restaurants, 38.800 bars ou cafés et 6.000 établissements de nuit.

"Nous avons été entendus en ce qui concerne les aides", a déclaré à l'AFP Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration, qui approuve la prudence du gouvernement quant au redémarrage.

"Mieux vaut perdre 10 ou 15 jours et rouvrir dans les meilleures conditions", a-t-il estimé. "Il y a des pays d'Asie qui ont déjà ouvert et commencent à faire marche arrière. Imaginons qu'on ouvre nos établissements trop tôt et qu'on les referme trois semaines après, ce serait terrible!".

A l'inverse, le maire de Cannes David Lisnard (LR) a déploré l'absence de date qui "ne fait qu'entretenir l'angoisse de milliers de professionnels en attente d'une doctrine nationale claire et d'une chronologie méthodologique".

S'il a salué les mesures, le Médef a estimé que cela ne suffisait pas pour sauver les entreprises: "Il faut absolument leur donner un horizon de reprise effective le plus rapproché possible", a déclaré le patronat français dans un communiqué.

"S'il y a une relative sérénité" dans l'évolution de l'épidémie, une réouverture pourrait avoir lieu "entre le 2 juin et le 20 juin", a affirmé pour sa part le chef multi-étoilé Alain Ducasse, interrogé par l'AFP après avoir participé à cette réunion du secteur de la restauration avec le président Emmanuel Macron.

Pour Didier Chenet, à la tête du GNI (indépendants), les 15 jours à venir seront décisifs "pour sortir de l'impasse les entreprises saines qui sont en rupture de trésorerie".

20 à 25% d'entreprises "ne rouvriront pas"

En revanche, "20 à 25% d'entreprises malheureusement ne rouvriront pas", a-t-il estimé, sur BFMTV.

Les hôtels n'ont pas été contraints de fermer mais nombre d'entre eux l'ont fait, faute de clients depuis le confinement.

Face à ces difficultés, "la mobilisation du gouvernement, du Premier ministre, du président de la République est totale" et le sera jusque "dans les mois qui vont suivre" la réouverture, a assuré Bruno Le Maire aux professionnels.

Ces derniers préparent activement leur reprise d'activité: ils ont soumis au gouvernement "un guide de bonnes pratiques déjà très abouti", présenté par le PDG du groupe hôtelier Accor Sébastien Bazin, qui sera étudié avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

Parmi les dispositions de ce plan: "un espacement des tables d'un mètre, des réservations limitées à huit personnes, l'obligation pour les personnels de salle de se laver les mains toutes les 30 minutes", a-t-il détaillé. "Il faudra lui donner une force juridique pour que tous les restaurateurs puissent s'engager là-dessus", a expliqué M. Le Maire.

Le ministre de l'Economie a en outre confirmé l'annulation par les "grands bailleurs" des "loyers sur les trois derniers mois pour les très petites entreprises qui ont été obligées de fermer".

Enfin, un fonds d'investissement doit voir le jour pour aider la relance de l'activité du secteur, avec la contribution des assureurs et des banques, qui seront conviés "très prochainement" à une réunion.

Le tourisme génère 170 milliards d'euros de recettes annuelles, ce qui représente 7% du PIB français, et emploie 4 millions de personnes - emplois directs et indirects cumulés.

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