Datée du 22 décembre, la lettre de trois pages adressée aux investisseurs tient tout d'abord à réaffirmer la spécificité et l'"approche novatrice de la finance" développée par Citadel. Kenneth Griffin adopte ensuite un ton plus personnel. Il parle alors de sa grand-mère, récemment décédée, qui fut un des premiers investisseurs de Citadel. À ses yeux les valeurs et les principes qu'elle lui a transmis sont à la base du succès de Citadel. Rappelons en effet que le géant de 12 milliards de dollars a débuté en 1990 avec 4,6 millions de dollars de capitaux !

La lettre, très structurée, aborde tour à tour les quatre leçons à retenir. Tout d'abord embaucher des personnes "talentueuses, motivées et dévouées" et créer une culture de la méritocratie ("a Culture of Opportunity"). L'évocation des nombreux cadres de la société ayant débuté en bas de l'échelle finit de consolider cette vision managériale.

Pour Kenneth Griffin, prendre des risques calculés en sachant profiter des dislocations du marché est une autre clé de réussite. Il met alors en exergue la réactivité, le dévouement et l'expérience de son équipe. Comprenez ici que les leçons de la crise financière ont bien été intégrées : "We are not blind to the lessons of 2008 !" Notre baron avoue que la suspension des rachats des fonds spéculatifs en 2008 fut "une des décisions les plus dures qu'il ait eu à prendre" mais que l'intérêt premier de Citadel était alors de protéger les investisseurs en ne cédant pas aux sirènes courtes termistes : "J'ai mis l'accent sur le long terme […] Les investisseurs patients ont été récompensé en 2009 avec un taux de rendement net de 62%".

Enfin, les deux derniers paragraphes concernent la capacité à "saisir les opportunités" et la nécessité de "ne jamais perdre de vue ce qui est important". Kenneth Griffin tient à rassurer ses clients en jouant la carte de la proximité et de la confiance : "Je ne perdrai jamais de vue la responsabilité extraordinaire que vous avez placé en moi" écrit-il.

Pauline Raud