Rakuten, en quelques chiffres, décline un catalogue de 20 millions de références, du paquet de riz à l'écran plat en passant par l'assurance auto, proposées par 22 000 commerçants locataires d'un espace payant. Le site réunit 64 millions de membres et réalise un volume de transactions de près de 9 milliards d'euros. Principal atout de Rakuten et du Japon : un réseau logistique ultramoderne qui facilite les échanges.

Hiroshi Mikitani, à la tête de cet empire du commerce électronique, a décidé de ne plus se contenter de ce succès domestique. Le rachat, pour 200 millions d'euros, du site français PriceMinister, l'équivalent hexagonal de Rakuten, n'était donc pas anodin. Il sera en effet chargé de développer une offre multi-pays en Europe.

« PriceMinister a créé un service unique, et croyez-en mon expérience, ça n'est pas facile. Ce que j'admire surtout chez eux, c'est l'esprit de leadership et d'entreprenariat de ses dirigeants », a confié Mikitani. Le dirigeant en question est Pierre Kosciusko-Morizet, frère de Nathalie, secrétaire d'Etat chargée de l'économie numérique.

L'Europe, mais aussi la Chine et... l'anglais
L'Europe n'est pas le seul horizon de Rakuten. Un accord de joint-venture a ainsi été signé avec le principal moteur de recherche chinois, Baidu, pour développer le commerce électronique dans le pays. La Chine, pays comptant le plus d'internautes au monde (400 millions), s'attend à voir le commerce en ligne croître de 5% par an ces cinq prochaines années.

Réputé dans son pays pour bousculer les esprits et les vieilles habitudes, Hiroshi Mikitani est le jeune patron qui monte dans l'Archipel. Sa dernière lubie : mettre ses 3 000 employés à l'anglais. A l'instar de son compatriote Tadashi Yanai, patron de la marque de vêtements Uniqlo, il estime à raison que les Japonais sont très en retard en la matière.

« Les patrons ne peuvent pas me soutenir ouvertement. Mais ils savent qu'il y a un problème d'anglais ici, et ils nous regardent tous. Rakuten est en train de changer le Japon », assure sans forfanterie notre jeune baron, sixième fortune du pays. Rakuten ne veut-il pas dire « optimisme » en japonais ?