Né dans le giron de la Grande-Bretagne, Guy Hands a vite compris qu'il serait plus judicieux de domicilier son fonds d'investissement, Terra Firma, dans une région au climat plus doux (fiscalement), en l'occurrence, les îles Caïman.

Toujours pour des raisons fiscales, l'homme a quitté récemment sa mère patrie pour emménager sur l'île anglo-normande de Guernesey. Il n'avait que modérément apprécié le projet du gouvernement britannique de surtaxer les revenus financiers.

Pourtant, aujourd'hui, le bienfondé économique de cet exil paraît remis en cause. En effet, le départ de Guy Hands à Guernesey aurait coûté 2 millions de livres à Terra Firma, selon le Financial Times (21/01). Car suite à l'ouverture d'un nouveau bureau à Guernesey, Terra Firma a dû quitter l'un des deux étages que l'entreprise occupait dans son siège sur la Tamise, en face de la Tour de Londres.

Le départ a été suivi de quelques frais de rénovation et d'un manque à gagner important, le temps de trouver un sous-locataire pour les locaux. Au final, sur l'année 2009, Terra Firma a vu ses profits fondre de 43%, à 1,8 million de livres, pour un chiffre d'affaires en léger recul, à 47,2 millions.

La firme explique à ses actionnaires que la baisse des profits est essentiellement due à de mauvaises conditions de marché. Entendront-ils cette argumentation ?

Frais juridiques à l'horizon
Et pour l'avenir, Guy Hands - surnommé un temps le "Doomsayer (oiseau de mauvaise augure) du Private Equity" - n'est guère plus optimiste. L'an prochain, il estime que l'activité devrait globalement baisser. Il s'attend à la fois à un recul des ventes et à une baisse des coûts... ce qui nous en apprend fort peu sur la profitabilité, soit dit en passant.

Pourtant, Terra Firma continue d'embaucher, et ses effectifs sont passés de 104 à 117 personnes en 2009. Il faut dire que l'entreprise va devoir s'armer, surtout sur le plan juridique. Guy Hands a récemment lancé une procédure aux États-Unis à l'encontre de Citigroup, accusé d'avoir travesti la réalité pour le pousser à acquérir l'éditeur musical EMI, un investissement plus que décevant.

Or, le New York Times (21/01) révèle que Citi vient de contre-attaquer en affirmant que la cour de justice de Manhattan n'était pas compétente pour juger l'affaire, mais que celle-ci devait être portée devant les tribunaux britanniques.

Une première manœuvre qui laisse présager d'un procès difficile et de longue haleine...