D’après le journal français, évoquant une source interne, le groupe PPR, propriétaire de Gucci et Puma, prévoirait un achat important dans le secteur du luxe. Burberry, Hugo Boss et Valentino, qui appartiennent au fonds britannique Permira, ou encore Ralph Lauren et Armani sont citées comme des cibles probables. Enfin, pour La Tribune, Prada le groupe italien fondé en 1913, qui prévoit d’introduire 20% de son capital à la Bourse de Hong-Kong le 24 juin serait une proie qui se détache.

Pour certains analystes, dont Sébastien Barthelemi, analyste crédit pour Louis Capital Markets cité par le Figaro, ce scenario de cessions-acquisition en cascade semble "tout à fait envisageable". Il s’appuie sur l’acquisition de Gucci qui "s’est faite par étape" et explique que cette opération pourrait très bien se renouveler. Sébastien Barthelemi ajoute qu’il "est cohérent pour PPR de réaliser une acquisition dans le luxe d’autant que PPR a du cash et des actifs cessibles".

Il est vrai que le groupe PPR, qui a vendu en mars dernier le détaillant de meubles Conforama, prévoit de vendre Redcats et la Fnac. Le groupe aurait d’ailleurs mandaté Rothschild & Cie pour organiser le financement de la vente de Redcats, prévue pour le second semestre de 2011. Mais François-Henri Pinault a affirmé que ces cessions d’actifs seront en partie utilisées pour rembourser la dette, qui était de plus de 3 milliards d’euros à la fin de 2010.

La situation financière du groupe ne l’autorise donc pas à s’offrir de telles cibles. Surtout qu’avec son IPO Prada pourrait lever 2,6 milliards de dollars (1,77 milliard d’euros) ce qui valoriserait l’intégralité de la maison à 7 milliards d’euros. Si PPR menait une éventuelle opération de croissance externe, elle ne pourrait guère dépasser 3 milliards d’euros.

Une stratégie d’acquisition tournée vers des cibles moyennes ou petites
Ainsi chez PPR, on a de cesse de marteler depuis plusieurs mois, qu'en cas d'acquisition le groupe privilégierait des entreprises de taille moyenne à fort potentiel de croissance, à l’instar de l’achat de Balenciaga et de Volcom le mois dernier pour 607,5 millions de dollars.

En décembre dernier PPR excluait de faire une offre pour Burberry, expliquant qu’elle ne correspondait pas aux critères de sélection de la société pour son portefeuille de luxe. Pinault avait également écarté l’investissement dans Hermès International en Février, en disant qu’il était trop grand.

Enfin, le 3 mai dernier, François-Henri Pinault réaffirmait sa stratégie d’acquisition : "Nous avons toujours dit que les acquisitions que nous réalisons sont de taille moyenne ou modeste, car le savoir-faire du Groupe est de les développer à l’échelle internationale. […] Une société ou une marque ayant déjà un certain degré de maturité est moins intéressante pour nous, compte tenu de notre savoir-faire, qu’une marque beaucoup plus petite, dont nous pensons que le potentiel est important et que nous saurons le développer."

Tout porte donc à croire qu’il s’agit de simples rumeurs. Chez PPR on affirme qu’ "aucun des noms cités ne correspond à la stratégie que nous expliquons sans relâche depuis quelques mois." Charlotte Judet, porte-parole de PPR citée par Bloomberg Businessweeek, infirmait également ces hypothèses.

Du côté des analystes, certains jugent la rumeur improbable. Faire une grosse acquisition "n’est pas dans leur intérêt", a déclaré Fabio Fazzari, analyste chez Equita Sim à Milan, cité par Bloomberg Businessweek. Pour Aurel ces acquisitions sont "hautement improbables en raison de la taille de la cible et de la volonté de Miuccia Prada et Patrizio Bertelli de rester indépendant".

Ce midi, la valeur cotait à 115,30 € en baisse de 1,54%.

Pauline Raud