Introduit en Bourse en 2014 après sa séparation d’Engie, GTT a su conserver son monopole technologique. Mais ce privilège n’explique pas à lui seul le succès du groupe. Encore faut-il que la demande suive. Sur ce point, la consommation mondiale de GNL a presque doublé en 10 ans selon l’Agence internationale de l’énergie.

Le chiffre d’affaires de GTT a quasiment triplé entre 2015 et 2024. Mais ce sont surtout les trois dernières années qui ont été particulièrement fastes avec la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine. Cette situation a relancé la construction de méthaniers. Un grand nombre est équipé de la membrane cryogénique du groupe français. Parallèlement, les activités de services et du numérique ont beaucoup progressé. Les marges et les bénéfices se sont envolés. Parallèlement, le bilan reste une forteresse et l’allocation du capital demeure raisonnée et cohérente avec les capacités financières du groupe, notamment pour ce qui est des retours aux actionnaires. 

C’est donc dans un contexte très porteur que GTT présentait ses chiffres du troisième trimestre. La valorisation, qui n’est pas disproportionnée par rapport à l’historique, ne faisait pas peser une pression excessive sur la société. Et pourtant, GTT a relevé ses objectifs annuels pour l’année en cours après un bond de 29% des revenus à neuf mois. Le groupe vise désormais un chiffre d’affaires compris entre 790 et 820 millions d’euros en 2025 contre une précédente prévision de 750 à 800 millions grâce à un niveau très élevé de commandes enregistrées au cours des exercices précédents.

Aux États-Unis, la levée du moratoire sur les nouveaux projets de GNL a relancé de façon spectaculaire les décisions d’investissement. Le groupe salue également la contribution de Danelec, une entreprise danoise rachetée en milieu d’année pour près de 200 millions d’euros. Danelec est spécialisée dans les solutions numériques pour l’industrie maritime : elle conçoit notamment des enregistreurs de données de navigation et des logiciels de performance et de sécurité pour les armateurs.

Ce cycle favorable ne durera sans doute pas éternellement. Les prises de commandes ont nettement ralenti depuis le début de l’année avec seulement 19 systèmes de confinement pour méthaniers commandés contre 68 sur la même période en 2024.

GTT reste néanmoins l’une des plus belles valeurs midcaps en France. L’entreprise conserve une nette avance dans un secteur très capitalistique. Le rachat de Danelec illustre sa volonté de diversification. Les analystes demeurent confiants même si la phase de normalisation qui se profile semble désormais limiter le potentiel de hausse du titre.