par Karey Wutkowski et Emily Kaiser

Les résultats de ces "stress tests", qui devraient être dévoilés jeudi par le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, sont très attendus. Ils permettront de faire la différence entre les établissements les plus résistants et ceux pour lesquels on doit s'attendre à de nouvelles pertes considérables sur leur activité de crédit.

Face à l'importance de l'enjeu, banques et autorités de régulation sont engagées dans des discussions serrées autour des conclusions des tests. Les établissements financiers devraient être informés des résultats dès mardi par la Fed et par le département du Trésor. Les banques seront aussi informées des modalités d'annonce des résultats, a-t-on ajouté.

Les principales banques américaines ont passé les derniers jours à tenter de convaincre les autorités qu'elles disposaient de la force de frappe financière nécessaire pour faire face à une aggravation éventuelle de la récession. Ainsi, Bank of America a démenti lundi des informations selon lesquelles elle tenterait de lever dix milliards de dollars, ce qui a fait flamber son course de Bourse de près de 20%.

Le document publié jeudi inclura à la fois les résultats des estimations des pertes dans l'immobilier et autres actifs ayant perdu de la valeur dans les hypothèses testées pour l'ensemble du secteur et pour chacune des banques, ainsi que les besoins estimés de capitaux qui en découlent.

MAUVAIS TIMING ?

Selon le Wall Street Journal, les autorités estiment que les pertes dans le financement de l'immobilier commercial (bureaux, commerces, etc.) pourraient atteindre 12% des prêts sur deux ans. Les autorités devraient mettre en avant ce type de prêt pour expliquer pourquoi certains établissements auront besoin de capitaux supplémentaires.

Certains professionnels de la finance soulignent que le résultat des stress tests survient alors que le secteur financier commence à enregistrer des signes positifs, après une série de résultats étonnamment solides au premier trimestre.

"Je pense qu'il y a un grand risque de créer une certaine incertitude et une certaine inquiétude au moment même où la situation financière du secteur bancaire est en train de se redresser", explique ainsi Wayne Abernathy, membre de la direction de l'American Bankers Association et ancien responsable du Trésor.

Les banques qui seront considérées en manque de capital devront se lancer dans un plan de redressement qui pourrait consister à convertir des actions préférentielles en actions ordinaires, à lever de nouveaux capitaux privés ou à accepter une aide de l'Etat.

Selon l'agence Associated Press, Wells Fargo ferait partie des banques qui auront besoin de se renflouer. Le nom de Citigroup a aussi circulé. L'ex-numéro un de la finance aurait besoin de renforcer ses fonds propres de dix milliards de dollars, a-t-on appris de source proche du dossier.

LES BANQUES ENCOURAGÉES À FAIRE APPEL AU PRIVÉ

Le porte-parole de la Maison blanche Robert Gibbs a déclaré lundi que le gouvernement ne voyait pas la nécessité de demander au Congrès des fonds supplémentaires de soutien aux banques et que celles-ci seraient encouragées à faire appel au privé pour rechercher des fonds supplémentaires.

"Je pense que tous ceux qui sont concernés s'attendent à ce que les banques aient recours soit à des moyens privés, soit à la vente de certains actifs qu'elles possèdent en totalité où qu'elles contrôlent", a déclaré Robert Gibbs.

Le Trésor pourrait toutefois avoir bientôt de nouvelles sommes à sa disposition à infuser dans les établissements les plus fragiles, dans la mesure où les banques les plus saines vont rembourser au moins 25 milliards de dollars d'aides publiques, selon certaines estimations officielles.

Certaines banques ont accusé les autorités de régulation d'être trop dures dans leur évaluation de leurs besoins pour résorber des pertes à venir et de sous-estimer leur rentabilité.

"Le système bancaire peut traiter énormément de pertes et s'en trouver bien", a affirmé le patron de la banque JPMorgan Chase & Co Jamie Dimon lors d'une téléconférence. Il s'est dit d'accord avec le milliardaire Warren Buffett qui estime que de nombreuses banques gagnent suffisamment d'argent pour compenser de futures pertes.

Les 19 établissements qui ont été soumis aux tests sont Citigroup, JPMorgan Chase, Wells Fargo, Bank of America, Goldman Sachs Group, Morgan Stanley, MetLife, PNC Financial Services Group, US Bancorp, Bank of NY Mellon, SunTrust Banks, State Street, Capital One Financial, BB&T, Regions Financial, American Express, Fifth Third Bancorp, Keycorp et GMAC.

Karey Wutkowski, avec la contribution de Jui Chakravorty et Phil Wahba, version française Grégory Blachier, Marc Angrand et Danielle Rouquié