par Jonathan Lynn et Jason Rhodes

Le directeur général de l'OMC Pascal Lamy a souligné l'importance d'un nouvel accord commercial au niveau mondial, alors que les négociations dites du cycle de Doha entre les 153 pays membres se sont enlisées. Certains espèrent un accord pour 2010.

"Le moment de vérité approche rapidement. Il va falloir décider si l'objectif de 2010 peut être atteint", a déclaré Pascal Lamy au premier jour de la conférence qui se tient jusqu'à mercredi.

"Les leaders politiques sont pratiquement unanimes à dire qu'ils veulent l'atteindre, mais le réaffirmer n'est pas suffisant. Nous avons maintenant besoin d'action, d'action concrète et pratique, pour régler les différends restants."

Les négociations de Doha ne sont pas au programme officiel de la conférence ministérielle de cette semaine, Pascal Lamy et d'autres responsables estimant que les négociations ne sont pas suffisamment avancées pour laisser espérer un déblocage porteur d'espoir.

Mais le cycle, lancé en novembre 2001 dans la capitale du Qatar pour libéraliser et développer les échanges commerciaux, reste en toile de fond de la conférence.

DILEMNE

"Le programme de cette conférence est à lui seul le symbole du dilemne face auquel nous nous trouvons. Il est inconcevable d'imaginer une conférence ministérielle de l'OMC qui ne négociera pas le cycle de Doha", a déclaré le ministre égyptien du Commerce, Rachid Mohamed Rachid.

Pour le représentant américain au Commerce Ron Kirk, la réunion de Genève sera "une occasion importante de réaffirmer le rôle précieux de la libéralisation du commerce mondial dans la promotion de la croissance".

La conférence de cette semaine coïncide avec le dixième anniversaire des manifestations violentes qui avaient bloqué le sommet de l'OMC à Seattle, aux Etats-Unis, et lancé le début des mouvements altermondialistes.

Lundi, une soixantaine de manifestants, pour certains affublés de nez de clown, ont brandi des pancartes "stop aux importations destructrices" en face du centre de conférence de l'OMC.

La plupart sont restés abrités sous une tente, mais quelques-uns ont bravé le froid pour scander "à bas, à bas l'OMC", surveillés de près par la police.

Samedi, une manifestation anti-OMC a dégénéré à Genève. Les vitrines de plusieurs commerces ont été brisées et plusieurs voitures incendiées.

Lundi, les pays en développement membres de l'OMC ont publié un communiqué pour demander aux pays riches d'utiliser leur leadership pour faire avancer les négociations. De leur côté, les pays exportateurs de produits alimentaires dits du Groupe de Cairns se sont dit déçus des "progrès limités" pour rapprocher les positions différentes.

"Tous les membres ont besoin de s'engager substantiellement, de façon transparente et exhaustive, si nous voulons combler les fossés et conclure avec succès le cycle en 2010", a déclaré le groupe de Cairns, qui regroupe des pays aussi divers que l'Australie, l'Indonésie, l'Argentine et le Pérou.

Les militants du groupe "Notre monde n'est pas à vendre" ont conseillé aux pays en développement de se retirer des négociations de Doha plutôt que d'accepter des concessions qui seraient trop douloureuses.

Version française Danielle Rouquié