PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron ne s'exprimera pas le 14 juillet à l'occasion de la fête nationale mais dans les prochains jours, a fait savoir mercredi l'Elysée, alors que bruissent dans les couloirs du pouvoir des rumeurs de remaniement ministériel.

Une prise de parole du président de la République est attendue au terme des "100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action" qu'il s'était fixés en avril, a-t-on souligné de même source.

Les violences urbaines qui ont éclaté fin juin après la mort d'un jeune homme tué par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine) ont percuté les projets de l'exécutif, qui déroulait depuis deux mois une feuille de route destinée à tourner la page de la très contestée réforme des retraites.

Très présent sur le terrain, Emmanuel Macron a évoqué durant cette période une série de sujets censés répondre aux problèmes quotidiens des Français. Il a notamment passé trois jours à Marseille, dévoilé un "plan eau" pour lutter contre la sécheresse et encouragé la réindustrialisation dans la "Vallée de la batterie" en cours de création dans le nord de la France.

Le chef de l'Etat devrait dévoiler la semaine prochaine un grand plan de planification écologique élaboré avec le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Les quatre nuits d'émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, ont amené le président à mettre sur le métier une nouvelle série de thèmes comme la place des réseaux sociaux, la responsabilisation des parents et la politique de la ville.

Sur tous ces sujets, le président a donné rendez-vous à "la fin de l'été" devant quelque 300 maires touchés par les violences réunis la semaine dernière à l'Elysée.

"Ces violences n'éclipsent pas la réforme des retraites, pas plus qu'elles ne tirent un trait sur six ans de mandat", a dit à Reuters un proche du président.

Pour l'opposition, les "100 jours" n'ont pas été, à l'évidence, l'occasion d'un apaisement.

"Le pouvoir récolte les fruits de son mépris", a déclaré à Reuters le député communiste Pierre Dharréville. "Ce furent 100 jours d'accélération 'macroniste'. Cette opération de communication a été un échec."

Le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix, considère que les 100 jours "nous ont coûté cher, une fois de plus" et demande un durcissement de l'action gouvernementale en matière de sécurité et d'immigration.

Au MoDem, parti allié de l'exécutif, on souhaite davantage de perspective de la part du chef de l'Etat.

"Il manque une vision, une vraie perspective. Les Français attendent un cap pluriannuel", a estimé mardi devant la presse le député centriste Philippe Vigier.

Outre une intervention présidentielle, un remaniement ministériel pourrait intervenir avant la pause estivale, selon plusieurs sources gouvernementales.

"Il faut mettre les bonnes personnes aux bons endroits pour la rentrée parlementaire de septembre, qui sera difficile", souligne un haut responsable du camp présidentiel.

Interpellée à plusieurs reprises par la presse sur son propre sort, la Première ministre Elisabeth Borne, qui a reçu mardi soir des parlementaires de la majorité, a répété qu'elle restait dans "l'action".

La cheffe du gouvernement s'est félicitée d'avoir "acté un agenda social ambitieux très dense" pour les prochains mois avec les organisations syndicales et patronales qu'elle a reçues mercredi à Matignon.

(Reportage Elizabeth Pineau et Michel Rose, Édité par Jean-Stéphane Brosse)