PARIS (Reuters) - Une nouvelle séance difficile se profile à Wall Street et les Bourses européennes reculent nettement à mi-séance mercredi alors que les craintes pour le secteur bancaire s'accentuent avec le plongeon de Credit Suisse.

Les contrats à terme signalent une baisse de 1,69% pour le Dow Jones, de 1,82% pour le Standard & Poor's-500 et de 1,49% pour le Nasdaq. À Paris, le CAC 40 cède 3,5% à 6.891,58 vers 12h05 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 2,86% et à Londres, le FTSE 2,39%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 2,29%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 3,33% et le Stoxx 600, au plus bas depuis début janvier, perd 2,57%.

La pression sur les valeurs bancaires s'accroît après la chute de l'action Credit Suisse à son plus bas niveau, la Banque nationale saoudienne, son premier actionnaire, ayant exclu tout aide financière supplémentaire à la banque en difficulté. Il n'en fallait pas davantage pour exacerber les inquiétudes sur le secteur bancaire, déjà secoué par la faillite de SVB et de Signature la semaine dernière aux Etats-Unis.

La remontée rapide des taux d'intérêt par les banques centrales a mécaniquement entraîné une perte de valeur des portefeuilles obligataires détenus par les banques, ce qui a amené certains observateurs à douter de la volonté de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne à poursuivre leur resserrement monétaire à coup de fortes hausses de taux.

"Les attentes du marché en matière de politique monétaire ont évolué, effaçant près de 50 à 75 points de base de resserrement d'ici juin en quelques jours de tourmente", a déclaré Axel Botte, stratégiste international chez Ostrum AM.

"Des propos rassurants (de Christine Lagarde, la présidente de la BCE, jeudi) sur l'état des banques européennes et un soutien implicite au système bancaire en cas de besoin seraient les bienvenus pour 'adoucir la pilule' des 50 points attendus mais un revirement accommodant serait un très mauvais signal".

Les investisseurs prendront connaissance à 12h30 GMT des prix à la production et des ventes au détail américains en février.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

VALEURS EN EUROPE

En Bourse de Zurich, Credit Suisse décroche de plus de 20% à son plus bas niveau historique. Par ricochet, l'indice Stoxx des banques perd 6,66%. À Paris, Crédit agricole, BNP Paribas et Société générale abandonnent de 6,16% à 12,95%.

À Francfort, Commerzbank et Deutsche Bank perdent respectivement 9,86% et 8,33% tandis qu'à Londres, HSBC lâche 4,75%.

"Dans l'ensemble, le secteur bancaire est en bien meilleure forme (que pendant la crise financière 2008-2009). Il peut y avoir des problèmes idiosyncrasiques qui créent des remous (...) Je suis moins préoccupé par une contagion durable. Nous disposons des outils nécessaires", a déclaré Salman Ahmed, chez Fidelity.

Au-delà des banques, Inditex, le numéro un mondial du prêt-à-porter et propriétaire de Zara, baisse de 5,28% après avoir annoncé une augmentation plus marquée qu'attendu de ses dépenses d'investissement. Le concurrent suédois H&M chute de 8,55% après la publication d'une croissance des ventes plus faible que prévu de décembre à février.

TAUX

Le regain d'aversion au risque profite aussi aux emprunts d'Etat, ce qui fait fortement baisser leurs rendements. Celui des Treasuries à dix ans perd plus de dix points de base à 3,5261%.

Sur le marché européen, la tendance est plus marquée avec un rendement du Bund allemand à dix ans en baisse de 23 points de base à 2,225%.

CHANGES Touché également par les difficultés de Credit Suisse, les devises européennes voient rouge: l'euro chute de 1,36%, sous 1,06 dollar, la livre sterling et le franc suisse cèdent environ 0,8% face au billet vert.

Le dollar, avantagé par le regain de volatilité, progresse logiquement parrapport à un panier de devises internationales (+0,97%).

PÉTROLE

Les cours du pétrole repartent dans le rouge, au plus bas depuis trois mois, l'inquiétude liée à Credit Suisse prenant le pas sur l'espoir d'une augmentation de la demande de brut en Chine.

Le Brent perd 1,55% à 76,25 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,57% à 70,21 dollars.

(Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)

par Laetitia Volga