Genève (awp/afp) - La situation financière du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est assainie et stabilisée, affirme lundi son directeur Pierre Krähenbühl dans une interview au quotidien suisse Le Temps.

Le nouveau directeur a aussi souligné que le CICR n'a pas vocation à remplacer l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza.

Le CICR, qui pendant des années a étendu ses missions, a été secoué par une grave crise financière et a dû amputer son budget 2024 de 700 millions de francs suisses (716 millions d'euros) à 2,1 milliards. Il a aussi dû se séparer de 4.000 collaborateurs, plus d'un cinquième de ses effectifs.

"Il y avait deux chantiers à mener au moment de la crise: il fallait procéder à des coupes dans les budgets pour réduire la voilure de l'institution, mais il fallait aussi en parallèle élaborer une nouvelle stratégie institutionnelle", explique le directeur.

"Le fait d'avoir réussi à mener les deux choses de front nous a permis d'assainir et de stabiliser la situation financière du CICR. D'être parvenu à le faire en une année n'est pas une mince affaire", souligne-t-il, même s'il reconnaît l'impact sur les équipes et la nécessité de "reconstruire la cohésion et la confiance".

Après des consultations internes pour établir une stratégie, le CICR veut revenir aux fondements de l'organisation vieille de 160 ans.

"Nous sommes une organisation humanitaire spécialisée dans les situations de conflits armés. C'est notre essence. C'est un mandat extraordinairement compliqué, mais aussi le plus beau des mandats", affirme M. Krähenbühl.

Quant à l'hypothèse de remplacer l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza évoquée par certains élus suisses, le directeur dit clairement non.

"Nous avons des mandats totalement différents", a souligné M. Krähenbühl.

"Le CICR ne reprendra donc pas le mandat de l'UNRWA. On a déjà suffisamment à faire sans chercher à se substituer à d'autres organisations", a souligné le nouveau directeur, qui a lui-même dirigé l'agence onusienne entre 2014 et 2019.

L'agence d'aide aux réfugiés palestiniens fait l'objet de vives critiques de la part d'Israël mais aussi d'élus américains qui lui reprochent une trop grande proximité voire une collusion avec le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

La semaine dernière, un rapport d'un groupe indépendant dirigé par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna concluait que si l'UNRWA manquait de "neutralité" dans la bande de Gaza, Israël n'avait pas encore fourni la "preuve" de prétendus liens de certains membres avec des "organisations terroristes" comme le Hamas.

Reste que l'UNRWA est "irremplaçable et indispensable" aux Palestiniens, a en revanche souligné ce groupe, chargé de la mission d'évaluation par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

L'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une offensive qui avait fait 34'454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas dimanche.

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