Paris (awp/afp) - Les marchés financiers étaient encore sous le choc lundi d'une inflation record aux États-Unis, qui ravive les craintes de récession du fait de ses conséquences en termes de politique monétaire.

Vers 14H00 GMT, Paris perdait 2,50%, Francfort 2,30%, Milan 2,49% et Londres 1,49%. A Zurich, le SMI cédait 1,96%.

Après de lourdes pertes vendredi, les indices américains battaient encore de l'aile : le Dow Jones se repliait de 2,13%, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, lâchait 3,26% et l'indice élargi S&P 500 perdait 2,72%.

Obsession des marchés, l'inflation aux États-Unis a continué d'accélérer en mai et a atteint un nouveau record, faisant craindre aux investisseurs de lourdes conséquences pour l'économie.

La banque centrale américaine tiendra sa réunion de politique monétaire mardi et mercredi. Une hausse de ses taux directeurs d'un demi-point de pourcentage, soit 50 points de base, semble acquise mais désormais, les marchés s'inquiètent d'un relèvement plus fort, de 75 points de base.

L'hypothèse de hausses des taux plus prononcées provoque des craintes de récession l'année prochaine pour l'économie américaine, comme l'illustre le choc obligataire actuel.

Sur le marché de la dette souveraine, les investisseurs tablent sur un ralentissement économique de certains pays et réclament des primes de risque en conséquence.

Ainsi, les taux courts, sensibles aux taux de la banque centrale américaine anticipés par le marché, sont montés en flèche ces derniers jours.

Le taux d'emprunt américain à 2 ans a grimpé à un niveau de 2007 et a dépassé brièvement les taux à long terme pour la première fois depuis avril. Il s'élevait à 3,19% vers 13H15 GMT.

Le taux des emprunts d'État américains à 10 ans a lui atteint son plus haut niveau depuis plus de 11 ans, montant jusqu'à 3,29% peu après l'ouverture des marchés américains.

La dette italienne voyait elle son rendement à 10 ans s'envoler à 4,40%, plus de 233 points de base au-dessus de celui du taux allemand pour la même échéance.

"Les banques centrales sont sous pression et vont continuer à monter les taux pour au moins ramener les anticipations d'inflation à moyen terme sur des niveaux plus proches de leurs objectifs", analyse Philippe de Gouville, patron et cofondateur d'ISMO.

"La seule chose qui peut calmer les marchés c'est de voir le prix des matières premières baisser" de façon prononcée et durable, estime Alexandre Baradez, analyste d'IG France.

Le pétrole en baisse ___

La possibilité de nouveaux confinements dans les plus grandes villes chinoises tirait les prix du pétrole vers le bas.

Vers 13H50 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord cédait 0,96% à 120,87 dollars et celui du baril de WTI américain perdait 1,31% à 119,09 dollars.

Bitcoin, yen et roupie au plus bas ___

Le cours du bitcoin, qui avait flambé fin 2020 et en 2021 pour atteindre un record à 68.992 dollars, renouait lundi avec son niveau d'il y a 18 mois à moins de 24.000 dollars, soit une chute de 66%.

Le dollar profitait en revanche de son statut de valeur refuge et de la perspective de nouvelles hausses de taux par la Réserve fédérale américaine (Fed).

L'euro perdait 0,72% à 1,0442 dollar.

La livre reculait de 1,08% face au billet vert, à 1,2184 dollar pour une livre, souffrant d'une contraction de l'économie britannique en avril.

La roupie indienne a plongé lundi à un plus bas historique, à 78,28 roupies pour un dollar.

Vente généralisée ___

Les investisseurs fuient les marchés actions et la vente des titres touche tous les secteurs. À commencer par la tech (-15,6% pour Deliveroo) mais aussi l'automobile (-6,27% pour Renault), le tourisme (-5,97% pour Accor), le secteur minier (-4,59% pour Glencore) ou encore le luxe (-4,48% pour Hermes).

Même les bancaires étaient en baisse malgré la hausse des taux d'intérêt qui augmentent leur rentabilité.

afp/rp