Le Canada peine à mettre en place un outil essentiel pour les grands projets de captage et de stockage du carbone (CSC), a déclaré un représentant de l'un des plus grands projets de ce type, alors que le pays cherche à mettre en place des mesures d'incitation essentielles pour réduire les émissions provenant des sables bitumineux de l'Alberta.

Un fonds gouvernemental a indiqué à la Pathways Alliance, composée des six plus grands producteurs de pétrole et de gaz du Canada, que son projet était trop important et trop risqué pour faire l'objet d'un contrat de différence, un outil qui permettrait de bloquer les prix futurs des crédits carbone, a déclaré le représentant à Reuters.

Ce mécanisme donne aux investisseurs dans le CSC une certitude quant à leurs revenus futurs en fixant un prix minimum pour leurs crédits carbone. Les compagnies pétrolières du secteur le plus polluant du pays comptent sur le CSC pour réduire considérablement les émissions tout en continuant à pomper du pétrole et du gaz.

Pathways est toujours en pourparlers avec le gouvernement pour mettre en place un tel contrat, mais probablement pas par l'intermédiaire du Fonds canadien de croissance de 15 milliards de dollars canadiens (11 milliards de dollars) - un organisme créé l'année dernière par le ministère des finances pour aider à attirer les investissements privés dans les technologies propres en atténuant les risques de financement - a déclaré le représentant.

"Nous souhaitons sincèrement trouver un moyen de travailler avec eux", a déclaré un fonctionnaire du ministère des finances qui n'a pas été autorisé à s'exprimer sous couvert d'anonymat.

Le Canada est le quatrième producteur mondial de pétrole, et le Premier ministre Justin Trudeau a fait de l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050 un principe directeur de son gouvernement au cours des dernières années.

Toutefois, le Canada est à la traîne par rapport aux États-Unis, qui offrent depuis plus d'un an des incitations massives aux entreprises de technologies propres dans le cadre de la loi américaine sur la réduction de l'inflation (U.S. Inflation Reduction Act, IRA).

Mais le système canadien est plus complexe car, contrairement aux États-Unis, il dispose d'un système de tarification du carbone qui permettra aux entreprises qui capturent ou réduisent les émissions de vendre des crédits carbone.

Les crédits carbone représentent des émissions de carbone réduites ou évitées, et les entreprises les utilisent pour atténuer les gaz à effet de serre qu'elles génèrent. Les entreprises les utilisent pour atténuer les gaz à effet de serre qu'elles génèrent. Toutefois, les groupes de défense de l'environnement ont déclaré que ces systèmes permettent aux entreprises de donner l'impression d'agir en faveur du climat alors qu'en réalité elles ne réduisent pas leurs émissions.

Le centre de CSC de l'Alliance Pathways stockerait les émissions de 14 projets de sables bitumineux pour un coût estimé à 16,5 milliards de dollars canadiens (12,2 milliards de dollars) d'ici à 2030. La construction du projet prendra des années et Pathways compte donc sur le soutien du gouvernement pour aller de l'avant.

Le gouvernement a indiqué à Pathways que le Growth Fund pourrait ne pas être en mesure de gérer certains projets, a déclaré le représentant de Pathways qui a demandé à ne pas être nommé. L'alliance comprend Canadian Natural Resources Ltd, Suncor Energy, Cenovus Energy, Imperial Oil, ConocoPhillips Canada et MEG Energy.

Pathways vise à séquestrer 14 mégatonnes de carbone par an et la référence fédérale pour les crédits en 2030 est fixée à 170 dollars canadiens par tonne. Le contrat aiderait à payer les coûts d'investissement et d'exploitation, selon Pathways.

Le Canada a créé l'année dernière le Fonds de croissance, qui est géré par l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, une société d'État fédérale.

Jessica Eritou, porte-parole du ministère des finances, a déclaré que le gouvernement et le Fonds de croissance discutaient avec de nombreux promoteurs de projets commerciaux pour comprendre la demande de contrats carbone pour la différence, et comment "nous pouvons les faciliter au mieux".

Un certain nombre d'autres industries cherchent également à utiliser des contrats de différence. Adam Auer, président de l'Association canadienne du ciment, a déclaré que ces contrats étaient essentiels pour attirer les investissements étrangers.

"Nous devons finaliser les détails et mettre en place certains contrats avant d'obtenir le niveau de certitude nécessaire pour attirer une partie des capitaux étrangers dans notre pays. (1 $ = 1,3591 dollar canadien) (Reportage de Steve Scherer Rédaction de Denny Thomas et Josie Kao)