Zurich (awp) - Les cours du pétrole refluaient mercredi matin, après les gains affichés la veille au soir. Les investisseurs, demeurent inquiets face aux resserrements de conditions monétaires et leur impact sur la croissance économique et, de fait, la demande d'or noir, alors que l'American Petroleum Institute a fait part d'un bond des stocks de brut américains de 14,9 millions de barils la semaine dernière, défiant les attentes d'une baisse de 2,4 millions de barils.

Vers 08h10, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, se négociait à 79,44 dollars, soit sous la barre des 80 dollars, en repli de 0,82%, après avoir pris 0,59% à 80,10 dollars mardi soir. Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en février, ils valaient 74,57 dollars, en baisse de 0,74%, après avoir gagné 0,65%, à 75,12 dollar la veille au soir.

Pour autant que le bond des stocks du brut américains soit confirmé mercredi par les chiffres de l'Agence d'information sur l'énergie, il s'agirait de la plus forte augmentation depuis février 2021. Faisant écho aux récentes remarques de responsables de la banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), soulignant la nécessité de relever davantage les taux afin de ramener l'inflation dans les limites de l'objectif, le directeur général de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a déclaré que les taux américains pourraient devoir dépasser les 5%.

Dans le même temps, l'amélioration des perspectives de la demande en Chine vient offrir un soutien aux prix du pétrole, le premier importateur mondial de brut ayant rapidement abandonné les restrictions strictes liées à sa politique de lutte contre la pandémie de Covid-19 et opéré de surprenants revirements dans sa quête de croissance. Pékin a relevé les quotas d'importation des raffineurs à un niveau sensiblement supérieur à ceux de la première vague d'autorisations pour 2023 délivrées en octobre dernier, décision que le marché a interprété comme un premier signe d'accélération de la demande de brut.

Outre les raffineurs indépendants figurant déjà sur la liste, un nouveau venu, Shenghong Petrochemical, a été ajouté, avec un quota quasiment double de celui des opérateurs qui ont été écartés, ce qui devrait contribuer à la hausse des volumes importés. L'accélération des cours des derniers jours est intervenue après que le marché a testé, pour la seconde fois en un mois, le seuil symbolique des 70 dollars le baril pour le WTI, la semaine dernière, et trouvé du soutien une fois proche de ce plancher, a relevé Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report, interrogé par l'AFP.

"Donc il y a probablement des traders à la hausse qui essayent de capitaliser sur les nouvelles venues de Chine, ce qui donne de la vigueur au marché", a expliqué l'analyste. Parallèlement à la hausse des quotas, la Chine a levé dimanche, l'obligation de quarantaine pour les voyageurs en provenance de l'étranger et mis ainsi fin à quasiment trois années d'isolement pour lutter contre le coronavirus.

Pour autant, estime Daniel Ghali, de TD Securities, "à court terme, la montée des cas (de Covid-19 en Chine) est un élément qui compense" l'effet de la réouverture et la levée des restrictions sanitaires sur le prix de l'or noir. Dimanche, Jiao Yahui, l'une des responsables de la Commission nationale de santé (NHC) chinoise, a indiqué que la vague de contamination montrait des signes d'accalmie, mais que les autorités s'attendaient à un rebond avec les déplacements des fêtes du Nouvel An chinois, du 22 janvier au 5 février.

Autre facteur bridant l'élévation des prix, la décision du gouvernement américain de rejeter toutes les propositions initiales soumises dans le cadre de son appel d'offres pour reconstituer les réserves stratégiques (SPR), selon une déclaration faite à l'AFP par le ministère américain de l'Energie (DOE). Ce premier appel d'offres, lancé mi-décembre, porte sur trois millions de barils et intervient après une séquence de 16 mois qui a vu les Etats-Unis ponctionner quelque 248 millions de barils dans les SPR, soit 40% du total.

Les autorités américaines "ont passé leur tour, en pensant vraisemblablement que les prix allaient encore baisser" et que racheter du pétrole plus tard serait alors meilleur marché.

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