Paris (awp/afp) - Bourses en berne, taux d'intérêt proches des plus haut, dollar vigoureux: les marchés subissaient un nouveau choc jeudi après la publication d'une inflation aux Etats-Unis plus haute qu'attendu.

Wall Street décrochait dans les premiers échanges: le Nasdaq reculait de 1,87% après avoir perdu près de 3% à l'ouverture, le S&P 500 de 1,23%, le Dow Jones de 0,80% peu avant 14H10 GMT.

En nette hausse avant l'indicateur CPI sur la hausse des prix aux États-Unis, les indices européens hésitaient désormais: Paris cédait de 0,72%, vers une septième séance de baisse consécutive, Londres 0,48%, Francfort 0,08% mais Milan grappillait 0,07%. A Zurich, le SMI abandonnait 0,53%.

L'inflation aux États-Unis a certes reculé sur un an en septembre par rapport à août, passant de 8,3% à 8,1%. Mais cette baisse, inférieure aux attentes des analystes, cache aussi une accélération de la hausse des prix sur un mois.

Pire encore, l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix des matières premières et de l'alimentation, plus volatils, a été nettement au-dessus des attentes. Atteignant 0,6% sur un mois contre 0,4% anticipé, l'indicateur fait penser aux investisseurs que l'inflation est de plus en plus ancrée dans l'économie américaine.

Cette tendance "ne fait que renforcer l'idée qu'il n'y a aucun moyen pour la Réserve fédérale d'envisager un +pivot+ cette année" a réagi dans une note Stephen Innes, de Spi AM, pour qui la barrière que représente la hausse des taux directeurs de l'institution pour l'économie "est devenue beaucoup plus haute" avec ce chiffre.

Même le président américain Joe Biden a reconnu qu'il y a "encore du travail" pour lutter contre l'inflation aux Etats-Unis.

Les investisseurs sont désormais certains d'une nouvelle hausse de 0,75 point de pourcentage du principal taux directeur de la Fed lors de sa prochaine réunion début novembre, une quatrième de suite.

En conséquence, les taux sur le marché obligataire, orientés nettement à la baisse un peu avant le rapport sur l'inflation, remontaient : le 10 ans américain s'est envolé au-dessus des 4%, au plus haut depuis 2011, avant de retomber à 3,97% vers 14H05 GMT, celui de la France a dépassé les 3% avant de revenir vers 2,90%.

Yen au plus bas depuis 32 ans ___

Sur le marché des changes, le yen est brièvement tombé jeudi à un niveau jamais vu depuis 1990 face au dollar, sombrant face au billet vert en raison de la différence d'orientation de la Banque du Japon, qui maintient une politique monétaire ultra-accommodante.

Après avoir décroché proche de ses plus bas depuis fin septembre, l'euro revenait près de l'équilibre vers 14H05 GMT (-0,10% à 0,9694 dollar), mais encore loin de ses plus haut de la séance.

La livre résistait (+0,97% à 1,1210 dollar), portée par une information de Bloomberg selon laquelle le gouvernement britannique envisagerait de revenir sur son plan budgétaire controversé.

Le secteur aérien défie la gravité de l'inflation ___

La compagnie aérienne américaine Delta a indiqué jeudi qu'elle s'attendait à ce que la demande reste robuste dans le trafic aérien d'ici à la fin de l'année, lors de la présentation de ses résultats trimestriels, ce qui propulsait l'ensemble du secteur.

Son action gagnait 2,62% après avoir été en baisse à l'ouverture, tandis qu'Easyjet (+0,49%) et surtout le groupe aérien britannique IAG (+6,01%), maison mère des compagnies British Airways et Iberia, progressaient aussi après leurs résultats.

Airbus (+1,23%), MTU Aero Engines (+1,43%), Safran (+1,80%), Air France-KLM (+5,77%), Lufthansa (+2,51%) ou Ryanair (+2,29%) étaient moins dynamiques qu'en début de séance mais restaient encore largement dans le vert.

Le pétrole encore en baisse ___

Le pétrole, stable avant l'annonce, décrochait aussi un peu, une politique plus agressive de la Fed faisant peser une menace sur l'activité économique.

Vers 13H55 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre perdait 0,25% à 92,24 dollars, et celui de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en novembre cédait 0,40% à 86,90 dollars.

afp/rp