PARIS, 21 mars (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement européens plancheront jeudi et vendredi à Bruxelles sur le commerce, le Brexit et l'avenir de la zone euro lors d'un Conseil européen suivi d'une réunion sans les Britanniques et d'un sommet de la zone euro.

Ils exprimeront leur solidarité avec le Royaume-Uni après la tentative d'assassinat d'un agent double russe attribuée à la Russie et discuteront de la fiscalité des géants du numérique après la proposition de la Commission de prélever 3% de leur chiffre d'affaires.

La discussion sur ce dernier point, qui s'ouvrira lors du dîner jeudi, s'annonce complexe puisqu'il faudra l'unanimité des Etats membres, aujourd'hui divisés, pour le faire aboutir.

Sur les relations commerciales, la France demandera une application plus forte des nouvelles règles européennes, dans un contexte marqué par la menace de Donald Trump de taxer lourdement les importations américaines d'acier et d'aluminium, mesure à laquelle les Européens espèrent toujours échapper.

Après d'importants progrès, "il s'agit d'aller un cran plus loin dans une politique commerciale qui reflète nos standards européens, nos exigences", explique-t-on à l'Elysée, en ouvrant davantage d'enquêtes antidumping, en améliorant le suivi des accords et en imposant des critères environnementaux.

L'accord sur la période de transition post-Brexit trouvé lundi entre Londres et les négociateurs européens sera approuvé vendredi par les Vingt-Sept, a confirmé mercredi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Les Européens noteront cependant certains manques, au premier rang desquels le problème non résolu de la frontière irlandaise, et ils donneront à leurs négociateurs les lignes directrices pour travailler sur les relations futures.

Ces lignes directrices ont été complétées ces derniers jours sur des sujets sensibles comme la pêche - l'objectif étant de préserver les équilibres actuels - et les services financiers, pour lesquels les relations se feraient selon les régimes d'équivalence définis par les Européens, précise l'Elysée.

Le Royaume-Uni doit quitter l'UE le 29 mars 2019 et la période de transition s'achever le 31 décembre 2020.

Le sommet de la zone euro vendredi sera un point d'étape avant plusieurs mois de discussions, franco-allemandes puis élargies aux autres membres, avec l'objectif d'aboutir en juin à un accord des Dix-Neuf sur une feuille de route de réformes.

Cette feuille de route porterait sur l'union bancaire, la réforme du Mécanisme européen de stabilité (MES), une "capacité budgétaire" visant à accroître la convergence entre les économies des Etats de la zone euro, l'innovation et des convergences notamment fiscales.

Un point sera fait sur les questions sociales, pour évoquer notamment la proposition de la Commission de créer une Autorité européenne du Travail pour lutter contre les abus, ainsi que sur l'innovation, avec le projet de bâtir une agence européenne de financement de l'innovation. (Jean-Baptiste Vey, avec Alastair Macdonald à Bruxelles et le bureau européen de Reuters, édité par Yves Clarisse)