Zurich (awp) - Après un démarrage hésitant, la Bourse suisse ne parvenait pas à s'extraire de la zone rouge lundi à l'approche de la mi-journée, dans un marché sans véritable impulsion. Après une semaine marquée par de nouveaux tours de vis monétaires de plusieurs banques centrales, les investisseurs restent dans le doute concernant les véritables intentions des institutions d'émission, craignant de plus en plus une récession.

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a averti la semaine dernière que de nouvelles hausses de taux étaient à attendre cette année pour tenter de contenir l'inflation, tandis que plusieurs banques centrales en Europe ont surpris les marchés avec des resserrements monétaires.

La Banque centrale européenne (BCE) tient son forum annuel sur le thème de la stabilité économique à l'épreuve de la forte inflation jusqu'au 28 juin, à Sintra au Portugal. Les déclarations des responsables des principales banques centrales seront à nouveau surveillées par les investisseurs.

"L'activité mondiale semble ralentir plus nettement à l'approche de l'été, car le rebond de l'activité dans les services s'essouffle et la conjoncture en dehors des Etats-Unis se détériore nettement", observe Xavier Chapard, membre de l'équipe recherche et stratégie de La Banque postale AM. Ce ralentissement économique a lieu dans un contexte où "les courbes de taux sont les plus inversées depuis quarante ans", ajoute l'analyste.

Les inquiétudes semblent venir de l'Europe, estime John Plassard de Mirabaud Banque. En effet, le HCOB Eurozone Composite PMI est tombé à 50,3 en juin, en baisse par rapport aux 52,8 du mois précédent et en dessous du consensus du marché de 52,5, selon une estimation préliminaire. Ce dernier chiffre indique un net ralentissement de l'expansion de la production dans la zone, qui n'a été que marginale et la plus faible depuis janvier, en raison de la combinaison d'une hausse plus lente de l'activité dans le secteur des services et d'un ralentissement plus marqué de la production manufacturière.

Le baromètre IFO des entrepreneurs en Allemagne a poursuivi sa baisse en juin, alors que la récession s'installe dans la première économie européenne, sur fond de baisse de la consommation et de difficultés pour l'industrie manufacturière. L'indicateur a chuté de 3,2 points à 88,5 points, en baisse pour le deuxième mois consécutif.

Après avoir démarré la séance en baisse de 0,14%, le SMI creusait ses perte tout au long de la matinée, touchant vers 10h50 un plus bas du jour à 11'143,37 points, pour remonter légèrement et noter à 11'149,15 points vers 11h00 (-0,65%). Le SLI cédait de son côté 0,58% à 1735,60 points et l'indice élargi SPI 0,65% à 14'657,22 points.

Sur les 30 valeurs constitutives de l'indice Swiss Leader Index (SLI), seules cinq gardaient la tête hors de l'eau, alors que les 25 autres sombraient.

En haut de tableau, Sika (+0,5%) s'échappait, le chimiste zougois de spécialités étant dopé par le relèvement par Barclays de son objectif de cours. Richemont (+0,4%), Givaudan (+0,4%), Alcon (+0,2%) et Kühne+Nagel (+0,1%) complétaient la listes des gagnants de la première partie de séance.

Les trois poids lourds de la cote Nestlé (-0,5%), Roche (-0,7%) et surtout Novartis (-1%) pesaient sur les indices.

En bas de classement, la lanterne rouge revenait à UBS (-1,9%), derrière SGS (-1,8%) et Adecco (-1,6%). Barclays a abaissé l'objectif de cours du numéro un bancaire helvétique à 16 francs suisses, contre 16,50 francs suisses précédemment. La recommandation est maintenue à "underweight". Si la banque britannique estime qu'UBS a fait une bonne affaire en reprenant son concurrent Credit Suisse, elle redoute toutefois des interventions réglementaires, qui pourraient entacher une partie des avantages potentiels.

La toujours volatile AMS-Osram (-1,5%) venait aussi garnir les rangs de mal-classés.

Outre UBS, les autres valeurs financières étaient également à la peine, Swiss Re lâchant 1,1%, Julius Bär 1,1%, Swiss Life 0,8%, tout comme Partners Group (-0,7%).

Sur le marché élargi, Leonteq dégringolait de 9,3%, le spécialiste des produits structurés ayant revu à la baisse ses attentes en termes de rentabilité avant impôts pour l'ensemble de l'année, notamment en raison de la faiblesse des activités de négoce. Pour l'ensemble de 2023, l'entreprise zurichoise prévoit désormais un bénéfice avant impôts de 40 à 70 millions de francs suisses, contre 70 à 100 millions jusqu'alors.

Le biochimiste Evolva bondissait de 3,7%, après avoir fait part de la conclusion d'un accord avec son actionnaire de référence Nice & Green, permettant d'assurer le financement de l'entreprise bâloise au moins jusqu'à la fin de l'année. L'évaluation des alternatives stratégiques se poursuit.

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