Zurich (awp) - Après avoir tenté un rebond en fin de matinée puis en milieu d'après-midi, la Bourse suisse a terminé la semaine engluée dans le rouge dans le sillage de Wall Street, qui a ouvert en baisse. Alors que la saison des résultats du 1er trimestre se poursuit, avec vendredi Holcim et Schindler, les investisseurs sont restés sur leurs gardes après les déclarations jeudi du président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, lequel a quasiment officialisé une hausse marquée des taux en mai.

Lors d'une table ronde organisée jeudi en marge des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI), le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, a déclaré qu'une hausse des taux d'un demi-point de pourcentage "(serait) sur la table lors de la réunion de mai" les 3 et 4. "Cette parade de responsables de la Fed aux commentaires agressifs (sur le plan monétaire) fait que le marché prévoit désormais trois hausses d'un demi-point" consécutives, a relevé Karl Haeling, analyste de la banque LBBW.

Michael Hewson, analyste de CMC Markets, ne s'étonne pas de ces propos, rappelant que "pratiquement tous les membres" du comité monétaire de la Fed ont émis l'hypothèse d'une hausse de 50 points de base. Cependant, les marchés craignent selon lui "que la Fed n'aille plus loin et plus longtemps, c'est-à-dire qu'elle procède à deux autres hausses de 50 points de base d'ici la fin de l'été".

Quant à la Banque centrale européenne (BCE), sa présidente Christine Lagarde a assuré jeudi que le moment exact de la fin du programme d'achat net de dettes dépendrait des indicateurs économiques, quelques heures après que le vice-président de l'institution eût évoqué le mois de juillet. La BCE a officiellement fixé le cap du troisième trimestre 2022 pour arrêter d'acheter de nouvelles obligations sur les marchés.

Sur le front des nouvelles macro-économiques, la croissance de l'activité économique en zone euro s'est accélérée en avril dans le secteur privé, au plus haut depuis sept mois, malgré les inquiétudes liées à la guerre en Ukraine et à l'inflation, selon l'indice PMI de S&P Global. L'activité du secteur privé en France a elle connu en avril sa plus forte croissance depuis plus de quatre ans. Elle s'est établie à 57,5, un niveau inédit depuis le mois de janvier 2018, selon l'indice PMI Flash.

Des données qui se sont au final révélées insuffisantes à ragaillardir les investisseurs. Déjà plombée par la Fed jeudi, Wall Street s'annonçait en légère baisse d'environ 0,20% vendredi selon les contrats à terme du Dow Jones et du S&P 500. Celui du Nasdaq se reprenait cependant.

Après une ouverture en repli de 0,71%, le SMI a très légèrement creusé ses pertes en début de séance avant d'entamer une remontée en fin de matinée puis à nouveau en milieu d'après-midi, fort du soutien de ses trois poids lourd, Nestlé, Roche et Novartis. Mais l'indice phare a rechuté après l'ouverture en baisse de Wall Street, pour clôturer en recul de 0,35% à 12'258,33 points. Le SLI a pour sa part cédé 0,9% à 1902,38 points et le SPI 0,38% à 15'735,64 points.

Sur les 30 valeurs constitutives du SLI, seules cinq sont parvenues à garder la tête hors de l'eau, à savoir Holcim (+3,7%), loin devant le poids lourd Nestlé (+1,9%), SGS (+1,5%) ainsi que le géant pharmaceutique Roche (+0,7%) et le spécialiste des techniques sanitaires Geberit (+0,7%).

S'échappant seul en tête de classement, le numéro un mondial du ciment a bétonné sa performance au cours des trois premiers mois de l'année, engrangeant un chiffre d'affaires de 6,44 milliards de francs suisses, en hausse de 11,4% à périmètre constant. La rentabilité opérationnelle a progressé de manière plus que proportionnelle, l'excédent (Ebit) récurrent s'étoffant de plus de 16% à 614 millions.

Novartis (-0,2%) a fait un peu moins bien que le marché alors que Swisscom (-0,1%) a terminé juste en dessous de l'équilibre.

A l'autre extrémité du tableau, Straumann a terminé avec la lanterne rouge (-6,6%), derrière Sonova (-6,4%) et VAT (-5,0%). Le géant genevois du luxe Richemont (-2,6%), tout comme son concurrent biennois, l'horloger Swatch Group (-3,1% aussi) ont aussi été sous pression, après la publication des résultats du français Kering, et des ventes décevantes en particulier pour Gucci.

Le bon de participation Schindler (-0,5%) s'est quelque peu repris sans toutefois échapper à la curée. Le fabricant lucernois d'ascenseurs et escaliers mécaniques a été à la peine sur les trois premiers mois de 2022, après avoir déjà souffert d'un ralentissement en fin d'année dernière. La direction a toutefois confirmé ses attentes pour l'ensemble de l'exercice.

Sur le marché élargi, Inficon (-2,3%) a enregistré une hausse de son chiffre d'affaires au premier trimestre, limitée toutefois par les pénuries de composants. Le fabricant d'appareils de mesure a confirmé ses objectifs pour 2022.

Dans le sillage des principaux perdants Straumann et Logitech, Blackstone Ressources (-6,2%) et Medmix (-5,8%) se sont illustrés comme les plus gros perdants provisoires, alors que Holcim a terminé devant Newron (+3,7%) et Schaffner (+3,2%) du côté des gagnants.

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