Rio de Janeiro (awp/afp) - Le Brésil a échappé à la récession, avec une croissance de 0,4% au deuxième trimestre, selon les chiffres officiels publiés jeudi, mais la première économie d'Amérique latine n'est pas sortie de l'ornière pour autant.

Le taux de croissance du trimestre (avril à juin) de la première puissance économique d'Amérique latine est meilleur que les prévisions des analystes qui tablaient sur une progression de 0,2%. La Banque centrale avait même estimé, début août, que l'économie pourrait se contracter de 0,13%.

Le PIB brésilien s'est contracté de 0,1% au premier trimestre, selon des chiffres qui viennent d'être révisés et un 2è trimestre négatif aurait techniquement entraîné le Brésil dans la récession.

La huitième économie du monde n'est pas vaillante pour autant : elle ne s'est pas franchement remise de la récession historique de 2015/2016 (-6,7%), suivie d'une croissance de seulement 1,1% en 2017 comme en 2018.

Si les économistes avaient prévu une croissance de 2,5% pour cette année, après l'arrivée au pouvoir en janvier du président d'extrême droite Jair Bolsonaro qui a promis une politique économique libérale, le gouvernement comme les marchés ont déchanté et n'escomptent plus désormais qu'une faible croissance de 0,8% pour 2019.

La faiblesse de l'économie s'explique par la prudence et l'attentisme des investisseurs avant le vote d'une cruciale réforme des retraites ainsi que par les mesures d'austérité d'abord mises en oeuvre, selon des analystes.

Cette réforme, qui doit mettre fin à un régime très généreux et extrêmement coûteux pour les finances publiques, est désormais devant le Senat et devrait prochainement être approuvée. Le gouvernement Bolsonaro doit également mettre en oeuvre un ambitieux plan de privatisations touchant de nombreux secteurs et destiné à renflouer les caisses.

Turbulences mondiales

Le ministre de l'Economie Paulo Guedes a assuré que les fruits de la politique du gouvernement se verraient avant la fin du mandat de Jair Bolsonaro, en 2022. "Accordez une chance à un gouvernement libéral", a-t-il demandé lors d'un récent débat sur "la liberté d'entreprendre", "attendez quatre ans (de mandat Bolsonaro, ndlr). Ne travaillez pas contre le Brésil, ayez un peu de patience".

"Le programme économique progresse (...), avec des mesures visant à réduire les 'coûts au Brésil', à réduire la bureaucratie et à améliorer l'environnement des entreprises", avec une baisse régulière des taux d'intérêt, reconnaît l'économiste Sivio Campos Neto.

Il n'en reste pas moins que l'économie brésilienne est soumise aux turbulences mondiales : guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, ralentissement des grandes économies mondiales, élections chez le voisin argentin, avec qui les relations pourraient se tendre nettement.

"C'est un environnement difficile (...), mais si le Brésil remplit ses obligations et qu'il n'y a pas une grande crise mondiale, il pourrait en tirer profit en attirant des ressources pour des projets d'investissement", estime M. Campos Neto.

Des menaces pèsent aussi sur l'accord de libre-échange Union européenne-Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), de la part de pays comme la France, avec laquelle est née une virulente polémique sur l'attitude du gouvernement brésilien face aux incendies qui détruisent actuellement de vastes régions d'Amazonie.

Brasilia compte beaucoup sur un accord. "Sans cette situation, il n'y a pas de doute que l'environnement interne serait meilleur et la reprise plus rapide", souligne M. Campos Neto.

afp/buc