PARIS (awp/afp) - Les marchés boursiers européens pourraient marquer une pause la semaine prochaine pour se tourner vers les fondamentaux économiques à l'approche des nouvelles publications de résultats, tandis que le climat s'est adouci sur les tensions commerciales.

"La semaine écoulée s'est inscrite dans la continuité des autres semaines depuis le début de l'année", chacune avec une poursuite de la hausse des marchés et toujours son lot de négociations sur le Brexit et de rumeurs persistantes sur les accords commerciaux possibles entre Pékin et Washington, résume pour l'AFP Jean-Jacques Ohana, responsable de la gestion d'actifs chez YCAP AM.

Les dernières nouvelles de ces deux dossiers fleuves, sur lesquels naviguent les marchés depuis des mois, "ont rassuré les investisseurs avec cependant un potentiel de hausse boursière moins marquée qu'auparavant du fait qu'elles étaient anticipées", observe l'expert.

Une fois n'est pas coutume, la Chine et les Etats-Unis ont adopté cette semaine concomitamment un ton optimiste quant à un accord potentiel qui mettrait fin à neuf mois de guerre commerciale.

"Il semble que la communication soit plus énergique", analyse Frédéric Rollin, conseil en stratégie d'investissement chez Pictet, estimant que "l'officialisation d'un accord peut pousser les marchés un peu à la hausse mais aujourd'hui ce sont des nouvelles économiques plutôt médiocres qui l'emportent".

Pour M. Ohana, "il n'est pas impossible toutefois qu'une fois l'accord annoncé, les investisseurs prennent leurs bénéfices".

Le Brexit a également animé toute la semaine passée sans trop entamer le moral des investisseurs, tandis qu'un réel risque de sortie sans accord, scénario redouté des milieux des affaires, pourrait être évité au prix d'un report de la date de retrait.

Les développements autour de ce dossier devraient rester très suivis par les marchés la semaine prochaine, d'autant que la date officielle du Brexit est fixée pour l'heure au 12 avril.

Les investisseurs ont en particulier coché sur leur agenda la date du mercredi 10, jour d'un sommet européen qui devrait se prononcer sur le report du Brexit et jour de la publication des chiffres de la croissance britannique de février.

Mercredi, jour de tous les possibles

Les Européens sont prêts à accorder ce nouveau répit pour peu que la Première ministre Theresa May présente une stratégie claire. La dirigeante conservatrice a d'ores et déjà indiqué qu'elle demandait un report jusqu'au 30 juin, au moment où elle mène des discussions avec l'opposition travailliste pour trouver un compris et en finir avec le blocage politique à Westminster.

"La principale question à poser sera celle de la tenue ou non d'élections européennes au Royaume-Uni", souligne Frédéric Rollin.

Toujours mercredi, les regards se tourneront aussi vers le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale américaine, et la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne, guettant des clarifications sur l'aide qu'elle pourrait apporter aux banques.

Le président de l'institution Mario Draghi avait récemment suscité l'espoir des milieux financiers en déclarant que la BCE était prête à prendre des mesures pour atténuer les effets des taux négatifs sur la rentabilité des banques, mais une autre responsable, Sabine Lautenschläger, s'est montrée beaucoup plus prudente en début de semaine.

Donald Trump a, de son côté, plaidé à nouveau vendredi en faveur d'une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine, qu'il accuse d'avoir ralenti l'économie des Etats-Unis.

Si les Bourses européennes ont progressé en ligne droite depuis le début de l'année, les investisseurs pourraient "être arrivés au point où ils réclament des faits plutôt que des espérances", prévient Jochen Stanzl, stratégiste chez CMC Markets.

"Le soleil est au beau fixe mais les nuages menacent à l'horizon", illustre M. Ohana. Reste à savoir quel "grain de sable pourrait dérégler la machine".

Le marché a été jusque-là très soutenu par les Banques centrales européenne et américaine, qui ont mis en place une pause dans leur resserrement de politique monétaire.

Face au ralentissement économique qui se profile, "les investisseurs regardent désormais à nouveau les fondamentaux et les attentes en termes de croissance des bénéfices", constate Frédéric Rollin.

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