Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes ont fini une nouvelle fois en fort repli vendredi, adoptant la tendance baissière de Wall Street sur fond de craintes sur la perspective d'un changement d'environnement monétaire.

Les grandes places européennes ont commencé la séance sur des replis plutôt modérés avant d'accentuer radicalement leurs pertes à l'ouverture du marché américain. A la fermeture des marchés européens, Francfort a ainsi cédé 1,25%, Paris 1,41% et Londres 1,29%.

En Asie, les Bourses avaient dévissé dans la matinée. Tokyo, qui avait perdu plus de 7% lundi et mardi avant de rebondir, a lâché 2,32% vendredi. Même affolement à Shanghai où l'indice composite a lâché 4,05% et près de 10% sur l'ensemble de la semaine.

Le répit sur les marchés aura été bref. La Bourse de New York a été regagnée jeudi par une grande fébrilité qui a fait chuter ses indices vedettes de plus de 10% depuis les sommets atteints fin janvier.

Vendredi, Wall Street a tenté un rebond à l'ouverture, mais celui-ci n'a guère duré.

De son côté, le rendement américain à dix ans demeurait à un niveau élevé, autour de 2,82%, tandis que le dollar s'appréciait par rapport à l'euro, la monnaie unique s'échangeant environ 1,22 dollar.

"C'est reparti. Juste au moment où on pensait pouvoir revenir en toute sécurité sur les marchés, ils sont de nouveau sur la défensive", a commenté dans une note David de Garis, directeur au sein de la National Australia Bank.

"Les marchés n'arrivent pas à sortir de la spirale baissière", relève de son côté Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant bleu Gestion.

- "Ralentissement" -

La déroute de Wall Street avait été déclenchée la semaine dernière par une montée rapide du taux d'emprunt à dix ans des Etats-Unis, dans la foulée de l'annonce d'une statistique américaine positive sur l'emploi et les salaires.

Après plusieurs mois d'euphorie et sur fond d'amélioration de l'économie, les investisseurs se sont soudainement inquiétés d'une possible accélération de l'inflation et d'une remontée plus rapide que prévu des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Jeudi, un autre indicateur a fait redouter une accélération de la normalisation de la politique monétaire: les inscriptions hebdomadaires au chômage ont enregistré une baisse surprise pour descendre à leur deuxième plus bas niveau en 45 ans.

Les investisseurs surveillent aussi la Banque centrale européenne (BCE), où s'agitent en coulisses "colombes", partisans de garder une politique très accommodante, et "faucons", désireux de resserrer plus vite les vannes du crédit.

Conséquence: les indices mesurant la volatilité s'envolaient en cette fin de semaine, "signe que les inquiétudes des investisseurs s'intensifient", a commenté pour l'agence Bloomberg News Hideyuki Ishiguro, analyste chez Daiwa Securities à Tokyo.

Toutefois, la plupart des observateurs restaient optimistes au vu de la bonne santé des économies mondiales et des solides résultats d'entreprises publiés ces derniers jours.

"Une correction était inévitable au regard de la survalorisation de la Bourse américaine. Tous les indicateurs habituellement utilisés (...) soulignaient que les niveaux actuels étaient proches de ceux de 2000", juge pour sa part Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

"Une des hypothèses qu'on peut avancer pour expliquer la correction est le fait que le marché commence à intégrer la perspective de ralentissement économique", analyse l'économiste.

afp/al