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PARIS (awp/afp) - Sans cesse bousculés par la guerre commerciale menée par les États-Unis, les marchés européens peinent à s'orienter et avec l'entrée en vigueur de nouvelles taxes prévue la semaine prochaine, ils risquent de continuer à naviguer à vue.

"Les marchés sont toujours à la merci d'un tweet du président américain ou d'un communiqué de son département du Commerce", relève auprès de l'AFP Jean-Louis Mourier, un économiste de Aurel BGC.

"La semaine prochaine, Donald Trump devrait encore donner le la", en particulier avec l'application le 6 juillet des taxes annoncées par l'administration américaine, estime également auprès de l'AFP Lara Nguyen, directrice du conseil en investissements financiers chez Milleis Banque.

"Si les États-Unis passent effectivement à l'acte, les marchés risquent de ne pas beaucoup apprécier, car cela induira un ralentissement pour toutes les zones géographiques", selon elle.

Mi-juin, les États-Unis ont annoncé de nouvelles taxes, destinées, selon eux, à compenser cette fois le vol de la propriété intellectuelle et de technologies américaines. 34 milliards d'importations chinoises doivent ainsi être taxées à partir du 6 juillet, pour des marchandises "contenant des technologies très importantes sur le plan industriel".

Pékin a dans la foulée affirmé que des importations américaines dont des produits agricoles, notamment le soja, et des voitures, seraient taxées pour le même montant à la même date.

"Les investisseurs redoutent que cette guerre commerciale, qui pour l'instant est surtout sur le terrain de la communication, finisse par affecter les entreprises, même si pour le moment leurs profits ne sont pas atteints", analyse M. Mourier.

"Si les mesures doivent aller plus loin, ajoute-t-il, cela peut notamment toucher la croissance du secteur technologique, qui a largement contribué à la performance des marchés américains ces dernières années".

Vendredi, les marchés européens se sont toutefois octroyé une petite pause, l'accord trouvé sur la question migratoire par l'Union européenne ayant permis d'oublier le temps d'une séance le conflit commercial et de finir le semestre dans le vert.

"Pour tenir, les marchés vont aussi se raccrocher aux résultats d'entreprises" pour le premier semestre, qui vont bientôt être publiés d'abord aux États-Unis, avant d'arriver en Europe à la fin du mois, anticipe pour sa part Mme Nguyen.

emploi américain

La macroéconomie ne sera pas en reste, avec la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine, qui devrait toutefois réserver peu de surprises, ainsi que de nombreuses statistiques américaines.

Le rapport mensuel sur l'emploi aux États-Unis en juin est notamment à l'agenda d'une semaine qui sera écourtée avec la fête nationale du 4 juillet où Wall Street sera fermée.

"Même si en deux tweets, l'impact de ces chiffres peu être largement dépassé, ils seront quand même intéressants à l'heure où les banques centrales commencent à s'intéresser aux tensions inflationnistes", note M. Mourier.

En matière d'indicateurs, la semaine écoulée a aussi apporté pas mal d'éléments.

A Francfort, le baromètre Ifo du moral des entrepreneurs allemands en juin a reculé, traduisant les craintes liées aux mesures protectionnistes américaines, dans un pays où les sociétés exportatrices sont nombreuses, et celles générés par les difficultés politiques d'Angela Merkel.

A ce sujet, les investisseurs surveilleront la décision dimanche du très conservateur parti bavarois CSU d'imposer ou non un refoulement des migrants arrivant en Allemagne déjà enregistrés dans un autre pays de l'UE, après l'accord trouvé au sommet européen, une mesure qui peut potentiellement provoquer l'éclatement de la coalition.

Mais dans l'ensemble de la zone euro, "les indices PMI ont surpris positivement, notamment grâce aux services", observe Mme Nguyen.

"De fait, le contexte économique reste porteur: avec 2,5% de croissance en 2017 et 2,3% attendus en 2018, la dynamique ralentit, mais les niveaux restent élevés", poursuit-elle. Et les bénéfices des entreprises européennes sont attendus en progression de 9,7% en 2018", autant d'éléments qui permettent, selon elle, de "garder un biais positif" sur les actions européennes pour le moment, même si les incertitudes politiques perdurent.

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