BERLIN (awp/afp) - Portés depuis le début de l'année par les espoirs de détente commerciale, les marchés européens vont scruter les avancées réelles du dialogue sino-américain et devront digérer une nouvelle salve de résultats d'entreprises.

"Des faits, des faits, des faits", réclame Uwe Burkert, stratégiste chez LBBW, alors que le net rebond boursier de janvier repose pour l'essentiel sur le pari d'un armistice commercial entre la Chine et les Etats-Unis.

Malgré les proclamations optimistes du président américain Donald Trump, son ministre du Commerce Wilbur Ross a pourtant affirmé jeudi que les deux géants économiques étaient "à des miles et des miles de trouver une solution".

Les investisseurs choisissent pour l'heure d'ignorer ces signaux contradictoires, persuadés qu'il y aura "un accord à l'arraché", comme chaque fois "que les Américains ont négocié avec les Chinois ces vingt à trente dernières années", explique à l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Signe du réchauffement de l'humeur ambiante, l'accumulation d'indicateurs décevants ou de discours macroéconomiques sombres "freine certes le rebond", observe Uwe Streich, mais ne suffit plus à plonger les indices dans le rouge.

'Dans le brouillard'

Ainsi, ni les avertissements lundi du Fonds monétaire international sur la croissance, ni le médiocre indice PMI de l'activité dans le secteur privé jeudi, ni surtout le pessimisme accru de la Banque centrale européenne n'ont semblé peser.

Dans le discours de la BCE, qui voit augmenter les risques sur l'économie, les opérateurs ont choisi de lire l'annonce que la politique monétaire accommodante de l'institut va se poursuivre plus longtemps que prévu.

"Mario Draghi a repoussé encore la hausse des taux", désormais anticipée au plus tôt en 2020 par les marchés, "et a surtout laissé entendre qu'il pourrait y avoir des opérations de refinancement des banques si nécessaire", décrypte M. Dembik.

Pourtant, le banquier central a aussi "indirectement suggéré qu'il était autant dans le brouillard que n'importe qui concernant les perspectives de croissance", nuance Carsten Brzeski, de la banque ING, une incertitude d'ordinaire néfaste aux marchés actions.

Côté Brexit, après le rejet tonitruant par le Parlement britannique du projet d'accord présenté par Theresa May, les spéculations vont bon train sur un report du départ de l'Union européenne, toujours officiellement fixé au 29 mars.

La perspective d'un nouvel accord apparaît certes favorable à l'activité des groupes britanniques mais elle a indirectement pesé cette semaine sur la Bourse de Londres en poussant la livre sterling à la hausse.

Résultats européens

La semaine prochaine, les investisseurs pourront délaisser un temps la géopolitique pour examiner une série de chiffres, dans l'espoir d'y trouver une estimation tangible de l'ampleur du ralentissement.

Sur le front macroéconomique, la zone euro et les Etats-Unis publieront leurs chiffres de croissance pour le quatrième trimestre, de même que la France, ce qui devrait permettre de mesurer les effets du mouvement protestataire des "gilets jaunes".

Le gouvernement allemand dévoilera de son côté mercredi ses prévisions pour cette année et l'an prochain, attendues en nette baisse. Selon plusieurs médias, il devrait tabler sur 1,0% de croissance cette année, contre 1,5% l'an dernier, avant une réaccélération à 1,6% l'an prochain.

La réunion mardi et mercredi de la Réserve fédérale américaine sera en revanche "un non-événement, car les dernières prestations" du président de l'institut "Jerome Powell ont rassuré les marchés", estime Christopher Dembik.

Côté sociétés, la saison des résultats américains continuera à battre son plein, avec les bilans de Caterpillar, Pfizer, Lockheed Martin, Verizon, Apple, AT&T, Boeing, McDonald's, Facebook, Microsoft, Tesla, DowDupont, General Electric et Amazon.

Les entreprises européennes entameront leurs propres publications, notamment en France avec LVMH, au Royaume-Uni avec BT, Diageo ou Royal Dutch Shell, et en Allemagne avec SAP, Siemens et Deutsche Bank, dont les prévisions seront scrutées à la loupe.

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