L'indice Dow Jones des 30 grandes valeurs a cédé 120,72 points, soit 0,69%, à 17.419,75 et le Standard & Poor's 500, plus large, 16,28 points ou 0,78% à 2083,56. Le Nasdaq Composite des valeurs de croissance a reculé de 83,50 points (1,62%) à 5.056,44.

Walt Disney, déjà dans le dur mercredi, et Viacom, qui a perdu jusqu'à 23,6% en séance, ont lourdement pesé sur la tendance et l'indice sectoriel S&P-500 des médias a perdu 2,1%, enregistrant sa plus forte baisse sur deux séances depuis novembre 2008.

Disney avait donné le coup d'envoi de cette mauvaise passe pour les médias en révisant en baisse mardi sa prévision de bénéfice pour sa filiale de réseaux câblés.

Les résultats de Viacom, Twenty-First Century Fox, Discovery Communications et Time Warner Cable ont confirmé les craintes des investisseurs pour un segment qui souffre de la concurrence des services de vidéo en ligne comme Netflix, dont l'action a au contraire gagné jeudi 2,2%.

Disney, composante du Dow, a encore perdu 1,8% au lendemain d'un recul de plus de 9% qui constituait sa plus forte baisse depuis sept ans. Viacom a plongé de 14,2%, Twenty-First Century Fox a lâché 6,4%, CBS 3,61% et Comcast 1,76%.

"Le courant vendeur est irrésistible, les gens veulent sortir de ce secteur à tout prix", commente Vasily Karasyov, analyste chez CLSA, au sujet des câblo-opérateurs.

Les biotechs ont également été vendues et l'indice des valeurs de la santé a perdu 2,1%, la plus forte baisse des dix principaux indices sectoriels S&P.

Ailleurs, le constructeur de voitures électriques Tesla (-8,9%) et plus encore le fabricant de machines à café Keurig Green Mountain (-29,75%) ont été sévèrement sanctionnés après des résultats qui ont déçu les investisseurs.

L'une des rares bonnes surprises du jour est venu du fabricant d'accessoires de luxe Michael Kors, en hausse de 10,8% après des résultats meilleurs que prévu.

Egalement en vue à rebours de la tendance, la multinationale alimentaire Mondelez International a gagné 1,12% après une entrée remarquée à son capital de l'investisseur activiste William Ackman.

LA FED ATTENDUE AU TOURNANT

Les résultats ont dicté la tendance mais l'ambiance était déjà à la nervosité à la veille des chiffres de l'emploi de juillet qui seront publiés une heure avant l'ouverture vendredi.

Les économistes prévoient en moyenne 223.000 créations d'emplois hors agriculture, comme en juin, avec un taux de chômage stable à 5,3%.

Les indicateurs des derniers jours ont été contrastés, amenant certains investisseurs à penser que la Réserve fédérale pourrait attendre décembre pour commencer à relever ses taux.

La banque centrale a promis de n'enclencher son cycle de resserrement monétaire que lorsqu'elle aura constaté que la reprise économique est durablement installée. Les taux sont à zéro depuis près de dix ans et leur hausse fera augmenter les coûts de financement des entreprises, limitant leurs profits.

"Septembre semble toujours le plus probable, mais plus que le 'timing' du resserrement, c'est son rythme qui sera important", note David Lefkowitz, stratège actions chez UBS Wealth Management Americas à New York.

Les décisions de la Fed auront d'autant plus d'impact que les valorisations sont tendues, avec un ratio cours/bénéfice (PER) du S&P supérieur de 25% à sa médiane historique, avertit Jack Ablin, directeur des investissements chez BMO Private Bank.

"La Réserve fédérale va bientôt commencer à éponger ses liquidités, laissant les opérateurs haussiers s'appuyer sur les seuls indicateurs techniques comme la moyenne mobile à 200 jours, au-dessus de laquelle évolue le S&P".

Son niveau de valorisation élevé et la perspective d'une remontée des taux ont limité la progression du S&P-500 à 1% depuis le début de l'année, loin des performances des places européennes ou de la Bourse de Tokyo.

(Tanya Agrawal, Véronique Tison pour le service français)