La Commission européenne a proposé vendredi que les États membres de l'UE quittent ensemble un traité international critiqué pour le blocage des efforts de lutte contre le changement climatique, car sa protection des investissements énergétiques s'étend aux combustibles fossiles.

Le traité sur la Charte de l'énergie de 1998 permet aux entreprises du secteur de l'énergie de poursuivre les gouvernements en cas de politiques préjudiciables à leurs investissements. Ces dernières années, il a été utilisé pour contester des politiques exigeant la fermeture de centrales à combustibles fossiles.

Parmi les quelque 50 signataires de ce traité figurent des pays de l'Union européenne.

"J'ai proposé que l'UE se retire du traité sur la charte de l'énergie, car dans sa version actuelle, non modernisée, il ne correspond plus aux objectifs de l'UE en matière d'énergie et de climat", a déclaré Kadri Simson, commissaire européen chargé de l'énergie.

Dans sa proposition de retrait, la Commission, l'organe exécutif de l'UE, a déclaré que le traité était devenu "de plus en plus obsolète" et que ses protections contre les combustibles fossiles compromettaient les projets de l'UE visant à passer à des sources d'énergie plus propres afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Bruxelles a subi des pressions pour mener une sortie de l'UE, après que des États membres tels que le Danemark, la France, l'Allemagne, le Luxembourg, la Pologne, l'Espagne et les Pays-Bas ont annoncé leur intention de quitter l'UE, la plupart d'entre eux invoquant des préoccupations liées au changement climatique pour justifier leur décision. L'Italie a quitté l'UE en 2016.

La proposition de la Commission doit être approuvée par une majorité renforcée de pays de l'UE et par le Parlement européen. Le Parlement européen a déjà demandé à l'UE de quitter le traité.

Des pays comme Chypre, la Hongrie et la Slovaquie ont déclaré qu'ils préféreraient rester dans une version actualisée de l'accord, mais les réformes du traité adoptées l'année dernière, qui visent à répondre à certaines préoccupations climatiques, ont peu de chances d'entrer en vigueur, car les pays de l'UE ne les ont pas soutenues.

Selon des sources au fait des discussions, Bruxelles a envisagé une sortie partielle qui permettrait à certains pays de rester dans le traité, mais a décidé de ne pas le faire pour des raisons juridiques.

En se retirant du traité, l'Union européenne resterait soumise à une clause de caducité qui, pendant 20 ans, protège les investissements existants - notamment dans les combustibles fossiles - réalisés dans les pays de l'UE par des investisseurs de pays non signataires de l'accord, tels que le Japon et la Turquie. (Reportage de Kate Abnett ; rédaction de Barbara Lewis)