Washington (awp/afp) - L'inflation est repartie à la hausse en décembre aux Etats-Unis après plusieurs mois de baisse, à cause notamment du prix des logements, un nouvel obstacle pour Joe Biden à l'orée des primaires républicaines pour l'élection présidentielle de novembre.

Les prix ont augmenté de 3,4% sur un an en décembre, contre 3,1% en novembre, selon l'indice CPI publié jeudi par le département du Travail, et sur lequel sont indexées les retraites.

C'est plus que le léger rebond, à 3,2%, qui était attendu par les analystes, selon le consensus de Market Watch.

Sur un mois seulement, la hausse s'est également accélérée, à 0,3% contre 0,1% le mois précédent.

Les prix des logements ont "continué d'augmenter en décembre, contribuant pour plus de la moitié à la hausse mensuelle", a précisé le département du Travail dans son communiqué.

Les prix des articles d'ameublement, en revanche, ont baissé. De même que ceux de certains services aux particuliers.

Joe Biden a déclaré dans un communiqué qu'il "restait beaucoup à faire afin de faire baisser les coûts pour les familles et les travailleurs américains".

"Ne vous méprenez pas: les républicains extrémistes n'ont aucun projet visant à baisser le coût de la vie des ménages", a affirmé le président démocrate, bien conscient que les prix toujours élevés aux Etats-Unis sont, avec son âge, le principal handicap dans sa campagne pour un second mandat.

"Un pas en arrière"

Le parti républicain entame lundi ses primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle de novembre, avec l'ancien président Donald Trump comme favori.

Ils accusent régulièrement Joe Biden d'avoir alimenté l'inflation, en adoptant de vastes dépenses de relance et d'investissements après la crise liée au Covid-19.

Ce rebond de l'inflation intervient après plusieurs mois pourtant encourageants.

"Deux pas en avant, un pas en arrière dans cette bataille contre l'inflation, et décembre est à l'évidence un pas en arrière", a commenté Robert Frick, économiste à la Navy Federal Credit Union.

Mais si l'on retire les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, l'inflation dite sous-jacente ralentit, à 3,9% sur un an contre 4,0% en novembre, et reste stable sur un mois, à 0,3%.

"Au-delà des variations mensuelles, les données montrent dans l'ensemble des progrès continus mais lents dans la réduction de l'inflation vers l'objectif de 2%", a nuancé Rubeela Farooqi, économiste pour High Frequency Economics.

La hausse des prix avait atteint 9,1% sur un an en juin 2022, du jamais vu depuis 1981.

Continuer à faire baisser l'inflation, sans provoquer de récession ni faire grimper le taux de chômage, semble toutefois à portée de main.

"Nous profitons d'un atterrissage en douceur", avait martelé lundi la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, en marge d'un déplacement à Vienna (Virginie).

"Effet escompté"

L'année 2024 devrait aussi être marquée par une baisse des taux d'intérêt, qui devrait permettre aux consommateurs d'emprunter plus facilement, un mode d'achat dont les Américains sont friands, et pas uniquement pour acheter des maisons ou des voitures.

Face à la hausse des prix, c'est la banque centrale américaine (Fed), plus que la Maison Blanche, qui a les cartes en main. Elle a relevé ses taux depuis mars 2022, pour renchérir le coût du crédit, et ainsi décourager la consommation.

"Les données sur l'inflation des six derniers mois indiquent que les mesures (...) ont eu l'effet escompté, à savoir un meilleur équilibre entre l'offre et la demande", a salué lundi, Michelle Bowman, une gouverneure de la Fed, alertant cependant sur les risques qui persistent.

"Les récents indicateurs sont très encourageants", avait même souligné mercredi le président de la Fed de New York, John Williams.

La Fed a, lors de sa dernière réunion mi-décembre, maintenu les taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, et anticipe plusieurs baisses en 2024.

Sa mesure de l'inflation privilégiée, l'indice PCE, est tombée en novembre au plus bas depuis début 2021, à 2,6% sur un an. Les chiffres de décembre seront publiés le 26 janvier.

afp/rp