Paris (awp/afp) - Le géant français des médias Vivendi a réussi en 2020 à compenser l'impact de la crise sanitaire sur certaines de ces activités, et fort d'un endettement qui sera quasi nul à l'issue de la distribution de 60% d'Universal Music Group (UMG), il entend poursuivre ses acquisitions dans les contenus.

"C'est une situation extrêmement favorable pour se lancer dans le mouvement de consolidation du secteur des industries de contenus", a déclaré mercredi le président du conseil de surveillance Yannick Bolloré, fils du premier actionnaire du groupe Vincent Bolloré, dans un entretien au Figaro.

"Nous regardons beaucoup de dossiers et nous serons opportunistes. C'est le bon moment pour investir afin de construire un champion mondial", a-t-il ajouté.

Vivendi a investi ces derniers mois dans une foule de médias : il a pris en octobre une participation minoritaire dans le leader de la télévision payante en Afrique Multichoice, est entré au capital de Prisa en Espagne, et a signé une promesse d'achat avec une filiale de Bertelsmann pour l'intégralité du groupe de magazines Prisma.

Il a également pris pied il y a un an au sein du groupe Lagardère, attiré par la radio Europe 1, fait bonne figure parmi les prétendants potentiels au groupe M6, et s'était positionné pour le rachat de l'éditeur américain Simon & Shuster.

En 2021, Vivendi compte ramener son endettement net de 4,95 milliards d'euros à 300 millions d'euros grâce d'une part aux 2,8 milliards d'euros reçus de la vente d'un dixième de sa major à un consortium mené par le champion chinois du numérique Tencent, récemment monté à 20% du capital, et d'autre part au "remboursement par UMG de l'emprunt qu'il a contracté auprès de Vivendi", a-t-il expliqué dans un communiqué.

L'introduction en Bourse aux Pays-Bas d'Universal pourrait intervenir dès cet année, a rappelé le président du directoire Arnaud de Puyfontaine lors d'une conférence avec des journalistes, et Vivendi avait déjà annoncé qu'il comptait distribuer 60% des parts de sa filiale à ses actionnaires, via un dividende exceptionnel en nature, si une résolution en ce sens est votée lors d'une assemblée générale exceptionnelle le 29 mars.

Retour à la croissance des abonnés à Canal+

Dans une note fin février, l'agence de notation Standard & Poor's avait considéré que l'opération visant UMG, "moteur de croissance" et seule activité du groupe avec une position de leader mondial, allait affaiblir le profil de risque de Vivendi.

S&P avait abaissé sa note sur le groupe et s'interrogeait également sur l'influence de la politique financière du groupe Bolloré, pas forcément alignée avec les intérêts des créanciers de Vivendi.

Le groupe proposera également à ses actionnaires, cette fois lors de son assemblée générale annuelle en juin, la distribution d'un dividende de 60 centimes par action, similaire à l'année dernière où il avait augmenté de 20%.

Le chiffre d'affaires de Vivendi a progressé en 2020 de 1,2% à 16 milliards d'euros, porté notamment par la performance d'UMG (+3,8%) et du groupe Canal+ (+4,4%), qui revient à la croissance grâce l'international (60% des abonnés) mais aussi la France avec 262.000 abonnés nets supplémentaires en métropole.

L'activité d'Editis a bénéficié d'un fort rebond au deuxième semestre, explique le groupe. En revanche, l'activité du groupe de communications Havas a reculé de 10% sur l'année à 2 milliards d'euros, affectée notamment par l'effet de la pandémie sur le marché publicitaire. Le plan d'économies engagé par Havas au début de la crise n'a pu absorber qu'une moitié de la baisse des revenus.

En 2021 en raison de la crise sanitaire, "les métiers liés à la publicité et au spectacle vivant risquent d'être plus impactés que les autres", a indiqué Vivendi dans son communiqué.

Le groupe a publié un bénéfice net annuel en baisse de 9% à 1,3 milliard d'euros, qu'il impute notamment à un "produit d'impôt courant de 473 millions d'euros" qui avait gonflé son résultat en 2019. Sans cet élément, le bénéfice net progresse en 2020 de 29,7%, affirme-t-il.

afp/rp