Vinci : en tête du CAC 40 après un hoax invraisemblable.
Le 23 novembre 2016 à 11:13
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C'est une affaire incroyable qui frappe Vinci : on n'en connaît pas encore le fin mot et elle perturbe toujours le titre aujourd'hui. Vivement attaquée hier après-midi par la diffusion d'un communiqué aussi incendiaire que faux (un “hoax”), l'action Vinci se reprend : en gagnant 1,6% à 59,8 euros, elle tient la tête de l'indice CAC 40. Mais environ 1,5 euro par titre, soit l'équivalent de 900 millions d'euros, manquent toujours à l'appel pour revenir au “statu quo ante”.
C'est une affaire incroyable qui frappe Vinci : on n'en connaît pas encore le fin mot et elle perturbe toujours le titre aujourd'hui. Vivement attaquée hier après-midi par la diffusion d'un communiqué aussi incendiaire que faux (un “hoax”), l'action Vinci se reprend : en gagnant 1,5% à 59,7 euros, elle tient la tête de l'indice CAC 40. Mais environ 1,8 euro par titre, soit l'équivalent 1,1 milliard, manquent toujours à l'appel pour revenir au “statu quo ante”.
Peu après 16 heures hier, un communiqué émis sous un timbre imitant fort bien celui de Vinci a été envoyé aux agences de presse, dont Bloomberg. Ce document annonçait la découverte d'irrégularités “en dehors de tous principes comptables reconnus”. Plutôt convaincant dans sa formulation, le soit-disant communiqué annonçait que les résultats opérationnels “réels” de l'exercice 2015 et du premier semestre 2016 étaient de 1,2 milliard et 641 millions d'euros, à comparer avec des chiffres publiés de respectivement 3,8 milliards et 1,7 milliard (en données courantes). D'où des pertes nettes. De ce fait, le directeur général adjoint de Vinci chargé des finances, Christian Labeyrie, aurait été renvoyé. Dans une citation, le PDG Xavier Huillard déclarait même que “les rumeurs qui circulent sur une procédure d'insolvabilité sont totalement fausses”. Ambiance...
Dans les minutes qui ont suivi à la Bourse de Paris, l'action Vinci dégringolait depuis 61,5 euros jusqu'à 49,9 euros, soit une chute allant jusqu'à 18,3 % au plus bas de la séance. Ce qui correspondait à l'effacement de 6,7 milliards d'euros de capitalisation boursière !
Or il s'agissait d'un faux communiqué que moins d'une heure plus tard, le “vrai” groupe Vinci démentait “formellement”, en annonçant qu'il étudiait les suites judiciaires à donner à cette affaire. Et l'action Vinci de limiter ses pertes, tout en terminant la séance de jeudi en baisse : - 3,8% à 58,8 euros.
Qui a fait le coup ? Certains médias, notamment la parution spécialisée Bati Actu, ont dans la soirée fait état d'un “piratage revendiqué par des personnes hostiles à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes”, à la construction duquel Vinci doit participer. Via des déclarations en ligne citées par Bati Actu, mais truffées de fautes d'orthographe. Or le faux communiqué, lui, était dépourvu de faute et, d'un point de vue technique, plutôt de bonne facture, tant sur la forme que sur le fond. Avec même le vrai nom d'un contact des relations presse de Vinci, associé à un faux numéro de téléphone... Et ce en dépit de l'heure à laquelle la publication est intervenue : ce genre d'information est habituellement publiée avant ou après la séance boursière, pas pendant.
Pour l'heure, et alors que les enquêtes (notamment celle de l'AMF) sont en cours, le “diffuseur de fausse nouvelle” n'est pas identifié : un groupe concurrent agressif ? Des “hacktivistes” ? Un salarié ou ex-salarié mécontent ? Un “boursicoteur” du genre truand ? Ou tout autre groupe manifestement malveillant ? Notons que les opérations informatiques, comme la diffusion d'un communiqué de presse, laissent forcément des traces.
“La manipulation, particulièrement efficace, démontre à quel point les grands groupes peuvent être vulnérables”, ne peut que constater Aurel BGC. Et maintenant ? Chez CMC Markets France, on estime que “l'AMF pourrait annuler l'ensemble des ordres qui ont eu lieu au moment du flash krach”, afin que personne ne puisse profiter de cet abus de marché.
Un autre bureau d'études, Bryan Garnier se veut téméraire : “sous 60 euros, l'action Vinci nous semble constituer une bonne opportunité d'achat”, indique une note publiée ce matin, d'autant que “la réaction de Vinci (à l'affaire) semble sans ambiguïté”. Et ce même si elle devrait induire, à court terme, une certaine volatilité. A l'achat sur la valeur, Bryan Garnier vise 74 euros.
A suivre sur l'agenda de Vinci : une journée investisseurs est prévue le 2 décembre prochain.
EG
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VINCI est le n° 1 mondial des prestations de construction, de concessions et de services associés. Le CA (avant éliminations intragroupe) par activité se répartit comme suit :
- conception et construction d'ouvrages (44,7% ; VINCI Construction) : notamment dans les domaines du bâtiment, du génie civil et de l'hydraulique. Par ailleurs, le groupe développe une activité de construction, de rénovation et d'entretien d'infrastructures de transport (routes, autoroutes et voies ferrées ; Eurovia), de production de granulats (n° 1 français) et d'aménagement urbain ;
- conception, réalisation et maintenance d'infrastructures d'énergies et de télécoms (36,7% ; VINCI Energies et Cobra IS) ;
- gestion déléguée d'infrastructures (16,8% ; VINCI Concessions) : principalement gestion de routes et d'autoroutes (notamment à travers Autoroutes du Sud de la France et Cofiroute), de parcs de stationnement et d'aéroports ;
- autres (1,8%) : notamment promotion immobilière (immobilier résidentiel, immobilier d'entreprise, résidences gérées et services immobiliers).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (43%), Royaume Uni (8,6%), Allemagne (7%), Espagne (5%), Europe (13,6%), Amérique du Nord (7,8%), Amérique centrale et du Sud (6,3%), Océanie (3,7%), Afrique (2,7%) et Asie et Moyen-Orient (2,3%).