Les trois quarts des nations qui devraient présenter un risque élevé ou extrême de troubles civils d'ici le quatrième trimestre 2022 sont des pays à revenu intermédiaire, tels que définis par la Banque mondiale, a déclaré Verisk Maplecroft dans une mise à jour de son observatoire du risque politique.

"Contrairement aux pays à faible revenu, ils étaient suffisamment riches pour proposer une protection sociale pendant la pandémie, mais luttent aujourd'hui pour maintenir des dépenses sociales élevées, vitales pour le niveau de vie de larges pans de leur population", selon le rapport.

L'Argentine, la Tunisie, le Pakistan et les Philippines font également partie des pays à surveiller au cours des six prochains mois, selon les auteurs, qui soulignent leur forte dépendance aux importations de nourriture et d'énergie.

La guerre de la Russie en Ukraine a accéléré la hausse des prix des denrées alimentaires, qui ont atteint un record historique en février et à nouveau en mars. Les prix de l'énergie ont également connu une forte hausse. [O/R]

"Sans résolution du conflit en vue, la crise mondiale du coût de la vie se poursuivra profondément en 2023", indique le rapport.

Le Liban, le Sénégal, le Kenya et le Bangladesh sont confrontés à des pressions similaires.

Le rapport cite le Sri Lanka et le Kazakhstan comme exemples de pays à revenu intermédiaire qui ont déjà subi des troubles cette année. Le premier a vu la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants contribuer à l'escalade des tensions, tandis qu'une tentative de réduction des subventions aux carburants a déclenché des protestations au Kazakhstan.

Les troubles civils pourraient entraver une éventuelle reprise économique, mais aussi dissuader les investisseurs axés sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), selon le rapport.

"Certains pays risquent de tomber dans un cercle vicieux, où la dégradation de la gouvernance et des indicateurs sociaux en fait des parias de l'investissement ESG, ce qui entrave les afflux nécessaires pour améliorer les performances économiques et répondre aux besoins sociétaux."

Le rapport a constaté que plus de 50 % des presque 200 pays couverts par l'indice ont connu une augmentation des troubles civils depuis le début de la pandémie de COVID-19.