(Actualisé avec déclarations Kalanick, contexte)

par Heather Somerville et Joseph Menn

SAN FRANCISCO, 13 juin (Reuters) - Le directeur général d'Uber Technologies Travis Kalanick, de plus en plus contesté au sein de la plateforme de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), a annoncé mardi qu'il se mettait en congé de l'entreprise qu'il a contribué à créer, évoquant la nécessité de faire le deuil de sa mère récemment décédée.

Dans un courrier électronique envoyé aux salariés du groupe, il ne précise pas combien de temps il compte partir, tout en sous-entendant qu'il doit améliorer ses méthodes de gestion, sa réputation de dirigeant autoritaire ayant en effet entaché l'image d'Uber.

"Pendant cette période intérimaire, l'équipe de direction, les directives que j'ai mises en place, vont gérer l'entreprise. Si nécessaire, je serai disponible pour les décisions les plus stratégique (...)", déclare Travis Kalanick.

Il s'agit du dernier départ en date au sein d'Uber, qui affiche la plus haute valorisation au monde pour une entreprise non cotée - 68 milliards de dollars (61 milliards d'euros) - après avoir bousculé dans de nombreux pays les marchés très réglementés des taxis.

Dans son courrier, le directeur général d'Uber évoque son besoin de prendre du temps pour se remettre de la disparition de sa mère, morte dans un accident de bateau.

"Si nous allons désormais passer à un mode Uber 2.0, j'ai également besoin de passer au mode Travis 2.0 pour devenir le dirigeant dont cette entreprise a besoin et que vous méritez", écrit-il.

Une source avait dit à Reuters que le conseil d'administration, qui s'est réuni dimanche, allait aborder la question de la mise à l'écart provisoire de Travis Kalanick, âgé 40 ans.

Uber a également publié les recommandations avancées par le cabinet juridique de l'ancien ministre américain de la Justice Eric Holder, à qui le groupe avait demandé en février de se pencher sur la culture d'entreprise du groupe et ses pratiques.

Ce travail avait été commandé à la suite de la publication sur un blog d'un message d'une ancienne ingénieure, Susan Fowler. Cette dernière, qui ne travaille plus chez Uber, décrivait des situations qu'elle assimilait à du harcèlement sexuel et dénonçait le manque de réaction adaptée de la part de la direction.

Les recommandations annoncées ce mardi, adoptées à l'unanimité par le conseil d'administration de dimanche, préconisent notamment une limitation des vastes pouvoirs de Travis Kalanick ainsi que la mise en place de davantage d'instruments de contrôle des dépenses, des ressources humaines et du comportement des cadres dirigeants.

Ces recommandations appellent également à la nomination d'administrateurs indépendants au sein du conseil.

Toujours selon ces recommandations, toute liaison entre des cadres et leurs subordonné(e)s devrait être prohibée et l'entreprise devrait également établir des directives plus strictes au sujet de la consommation de drogues et d'alcool. (Benoit Van Overstraeten pour le service français)