par Marie Maitre

Le groupe pétrolier français a annoncé fin juin le rachat auprès de Shell d'une participation de 20% dans un bloc d'exploration offshore au Brésil, à 200 kilomètres au sud de Rio, où les deux sociétés espèrent démarrer des forages exploratoires à la fin de l'année.

Il ne s'agit là que d'une première étape, a déclaré à Reuters Marc Blaizot, directeur géosciences de la branche exploration et production de Total, qui s'est historiquement développée en Afrique de l'Ouest, en Europe du Nord et au Moyen-Orient mais ne dispose pas jusqu'ici d'actifs de production au Brésil.

"Je pense que ce n'est pas fini (...). Il y a encore de grandes zones d'intérêt, que ce soit sur les bassins du Santos ou du Campos", a-t-il dit lors d'une interview par téléphone.

"Il y aura encore des 'rounds', donc nous voulons être présents pour préparer l'avenir", a-t-il ajouté.

Total n'avait pas sérieusement prospecté plus tôt au Brésil car il doutait que des réservoirs importants puissent être trouvés sous les couches de sel des fonds marins, qui rendent les recherches particulièrement difficiles.

"Nous pensions qu'il y avait des risques sérieux de ne pas trouver de réservoirs sous le sel, mais ils ont trouvé des réservoirs qui sont manifestement bien meilleurs qu'attendu", a souligné Marc Blaizot, ajoutant que Total attendait désormais des changements législatifs destinés à clarifier les modalités des investissements étrangers dans le pétrole au Brésil.

CONTRATS "PLUTÔT FAVORABLES"

Le Sénat brésilien a adopté en juin un projet créant un modèle de répartition de la production pour remplacer le système actuel de concession dans le cadre des nouveaux gisements.

Ce projet, qui s'inscrit dans la volonté du président Lula de conforter l'emprise de l'Etat sur le secteur, permettra à Petrobras d'être l'unique opérateur des nouveaux projets avec un participation de 30% minimum.

Une fois que les députés auront adopté la loi, le Brésil pourra reprendre les appels d'offres qu'il avait suspendus en 2007 après la découverte par Petrobras de champs situés dans le "pré-sel" - c'est-à-dire sous une épaisse couche de sel -, les plus importants découverts dans la zone américaine depuis trente ans.

Total estime que de nouvelles enchères pour des licences de blocs pourraient avoir lieu en 2011 ou 2012.

"Il y a des élections en octobre et tous les projets de loi n'ont pas été votés, donc il est assez peu probable qu'il y ait un autre 'round' cette année", a déclaré à Reuters Emmanuelle Tutenuit, responsable de la zone Argentine, Bolivie et Brésil chez Total.

"Les contrats brésiliens sont aujourd'hui plutôt favorables et le contenu local devient un peu la loi dans le monde entier", a en outre souligné Marc Blaizot lors de la même interview.

Benjamin Mallet pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat