par Tom Bergin et Jeffrey Jones

La plupart des actifs de Total dans ce segment n'ont pas encore été développés, la production ne représentant que quelques milliers de baril par jour.

Cette opération en numéraire, la première tentée dans les sables bitumineux depuis la retombée des cours du pétrole, représente une prime d?environ 57% sur le cours de clôture d'UTS du 27 janvier 2009 et environ 51% sur le cours moyen pondéré des 30 derniers jours.

UTS a déclaré que son conseil examinerait cette offre et a demandé à ses actionnaires de ne prendre aucune décision dans l'immédiat.

"C'est un choc. Je ne m'attendais pas à ça", a déclaré William Lacey, analyste chez FirstEnergy Capital Corp à Calgary, qui ajoute que l'ensemble des actifs d'UTS pourraient ajouter autour de 2,1 milliards de barils de ressources au portefeuille de sables bitumineux canadiens de Total.

Le principal actif d'UTS est une part de 20% dans le projet Fort Hills, situé en Athabasca, dans la province canadienne de l'Alberta, à environ une centaine de kilomètres au nord-est de Fort McMurray. La société canadienne Petro-Canada en est l'opérateur avec une participation de 60%, les 20% restants étant détenus par la société Teck Cominco.

Petro-Canada a annoncé qu'il ne lancerait pas de contre-offre sur UTS Energy, indiquant être satisfait de sa participation de 60% dans ce projet de plusieurs milliards de dollars, dont le développement a pris du retard.

Le titre du groupe canadien a chuté de 84% l'an dernier, en raison de la hausse du coûts du projet et de la baisse du prix du pétrole, ce qui a conduit les investisseurs à s'interroger sur la capacité d'UTS à financer sa part dans Fort Hills.

HAUSSE DES COÛTS DU PROJET

En septembre alors même que les cours du brut baissaient, Petro-Canada avait indiqué que les coûts de développement avaient augmenté de 50% pour atteindre plus de 21 milliards de dollars canadiens (13 milliards d'euros).

L'exploitation du sable bitumineux - un mélange composé de sable et d'huile lourde (bitume) - est plus coûteuse que celle du brut mais elle était devenue très rentable après la dernière vague de hausse des cours du brut.

Avec le passage l'an dernier du baril sous la barre des 40 dollars - après un pic de 147 dollars en juillet - Petro-Canada et ses partenaires ont décidé en octobre de réexaminer le projet pour en optimiser les coûts et le calendrier. En fonction du résultat des études, la décision finale d'investissement dans la "phase un" devrait intervenir d'ici 2010, pour une mise en production à l'horizon 2013.

"Ca se justifie si on pense que les prix pétroliers augmenteront à nouveau", dit Gordon Gray (Collins Stewart).

Paul Floren, porte-parole de Total, a répété que selon le groupe pétrolier français, les opérations dans les sables bitumineux ne sont rentables qu'avec un prix du baril autour de 85 dollars.

"Acquérir l'intérêt d'UTS dans le projet Fort Hills s'adapte à la stratégie en nous permettant d'acquérir au juste prix une position relativement importante et attrayante avec un projet de sables bitumineux significatif et un associé opérationnel compétent", explique Floren.

Cet actif viendra consolider le portefeuille existant de Total dans la région qui comprend notamment les projets Joslyn et Northern Lights situés à proximité du projet Fort Hills et dont Total détient respectivement 74% et 60%.

Les analystes de Morgan Stanley estiment que cette démarche prouve que Total est plus intéressé par des transactions relativement petites dans le segment des sables bitumineux plutôt que par l'achat de gros groupes, même si la rumeur l'a dit intéressé par le canadien Nexen, dont la capitalisation approche huit milliards de dollars.

Le titre Total (92 milliards d'euros de capitalisation) est stable depuis le début de l'année après avoir perdu plus de 30% en 2008. Il a clôturé en hausse de 2,42% à 39,79 euros.

À 18h15 GMT, l'action UTS bondissait de 93,98% à la Bourse de Toront, à 1,61 dollar canadien.

Avec la contribution de Nicolas Delame, Jean-Michel Bélot et Wilfrid Exbrayat à Paris, édité par Jacques Poznanski