En avançant, du 29 mars au 8 mars, le comité central d'entreprise qui doit décider de l'avenir de sa raffinerie de Dunkerque, Total a répondu à une partie des attentes des salariés de la Raffinerie des Flandres et des syndicats. Mais la compagnie pétrolière a surtout cédé à la pression du gouvernement qui semble s'inquiéter d'un éventuel risque de pénurie de carburants et de la dégradation du climat social.

Thierry Desmarest, président du conseil d'administration de Total, a été convoqué lundi à la mi-journée à l'Elysée - Christophe de Margerie, le directeur général, étant en déplacement aux Etats-Unis - et la décision du groupe a été annoncée peu après.

En dépit du geste du pétrolier, le mouvement de grève dans les six raffineries de Total en France menace de s'étendre. La France accueille sur son sol douze raffineries, dont les six de Total en grève depuis la semaine dernière en soutien aux salariés du site de Dunkerque, à l'arrêt depuis septembre. "Je ne signerai pas cet ordre du jour tant que nos revendications ne sont pas satisfaites, à commencer par le maintien de la raffinerie de Dunkerque", a déclaré Christian Votte, le secrétaire CGT du comité central d'entreprise (CCE) de la branche raffinage de Total.

Un appel à la grève a été lancé dans deux raffineries de l'américain Exxon et dans celle du britannique Ineos. La CGT menace désormais explicitement Total et le gouvernement d'une pénurie de carburants.

Cette crainte a été alimentée par l'Union française des industries du pétrole (Ufip). Selon l'organisation, les stocks de carburants disponibles pour approvisionner les stations-service ne sont plus que de sept jours. Une centaine de stations-service ont connu une rupture partielle d'approvisionnement ce week end.

De son côté, Christophe de Margerie a réaffirmé des Etats-Unis que les projets de Total concernant Dunkerque n'entraînerait aucun licenciement. Pour autant, il a confirmé la nécessité pour son groupe de réduire les capacités de production dans le raffinage, sous peine d'un effondrement des marges d'une activité qui coûte, selon des analystes, un milliard de dollars par an à Total.

(P-J.L)