L'entrepreneur milliardaire a expliqué vendredi soir que les consultations menées avec l'aide de Goldman Sachs et de Morgan Stanley avaient montré que la plupart des actionnaires de Tesla étaient opposés à son projet de rachat avec retrait de la cote, proposé il y a trois semaines.

L'action Tesla, déjà en baisse de près de 15% depuis le pic atteint le 7 août, date de l'annonce du projet de "buyout" à 420 dollars par action, a perdu jusqu'à 5% dans les transactions électroniques avant l'ouverture de Wall Street mais a ensuite réduit ses pertes pour s'afficher à 314 dollars (-2,8%) vers 12h30 GMT.

Plusieurs notes d'analystes de Wall Street ont remis en cause la crédibilité d'Elon Musk, qui fait face à une série d'actions en justice et à une enquête de l'autorité boursière américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC), sur la sincérité de son tweet du 7 août selon lequel le financement du retrait envisagé de la cote était "garanti".

"L'implication de Musk dans la société est essentielle, mais aujourd'hui plus que jamais, un solide numéro 2 - quelqu'un avec une forte expérience opérationnelle qui peut aider Tesla à passer des idées à l'exécution - est crucial", écrit Joseph Spak, analyste chez RBC Capital Markets.

Tesla a déclaré dimanche ne pas être à la recherche d'un directeur général délégué.

Le projet d'une sortie de la Bourse via l'aide du fonds souverain saoudien étant désormais abandonné, l'attention porte à présent sur les initiatives de Tesla pour devenir rentable, ses réserves de liquidités et les mesures qu'Elon Musk pourrait prendre pour lever de nouveaux capitaux.

Tesla disposait de 2,78 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) de liquidités à la fin du deuxième trimestre, après une perte record de 718 millions de dollars.

Début août, avant l'annonce du projet de retrait de la cote, Tesla avait réitéré sa promesse d'être bénéficiaire aux troisième et quatrième trimestres, selon les règles comptables habituelles. Elon Musk avait ajouté que le constructeur n'aurait pas besoin de lever de nouveaux fonds.

Le groupe doit maintenant prouver qu'il peut durablement accélérer la production de son dernier véhicule, la Model 3, essentiel pour la réalisation de ses objectifs de rentabilité.

Des analystes jugent aussi nécessaire une augmentation de capital pour restaurer rapidement la confiance des investisseurs, mais pour des banquiers d'investissement ne travaillant pas pour Tesla, cela serait contradictoire avec la promesse d'Elon Musk selon laquelle le groupe est financé de manière adéquate.

Cette semaine serait par ailleurs inopportune pour une levée de fonds, car de nombreux banquiers et investisseurs sont absents à l'approche du long week-end du Labor Day aux Etats-Unis.

"Nous voyons la société lever deux milliards de dollars au T4 2018 via une émission de dette convertible, ce qui pourrait s'avérer difficile si l'enquête de la SEC est toujours en cours", écrit Jeffrey Osborne, analyste chez Cowen and Co.

(avec la contribution d'Helen Reid, Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Joshua Franklin et Sonam Rai