Milan (awp/afp) - Après des mois de suspense, Telecom Italia (TIM) devrait trancher ce jeudi entre les deux candidats au rachat de son réseau fixe, qu'il compte vendre pour réduire son énorme dette, contre la volonté affichée par son premier actionnaire, Vivendi.

Le conseil d'administration de TIM, qui a commencé lors d'une première rencontre lundi à examiner les deux offres concurrentes reçues de la Caisse des dépôts italienne (CDP) et du fonds d'investissement américain KKR, devra enfin rendre son verdict.

L'offre de KKR est mieux placée que celle de la CDP, en raison du montant plus élevé et d'une possible alliance avec le fonds italien d'infrastructures F2i qui pourrait permettre de faire monter les enchères, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

En outre, le plan de la CDP, associée au fonds d'investissement australien Macquarie, prévoit la fusion du réseau de TIM avec celui de son concurrent Open Fiber. Or, la CDP et Macquarie en détiennent respectivement 60% et 40%.

D'où des inquiétudes sur la réaction des autorités européennes de la concurrence qui pourraient épingler une éventuelle situation de monopole du futur ensemble en Italie et réclamer à la CDP des cessions d'actifs.

KKR avait relevé début juin son offre de 2 milliards d'euros, la faisant passer à 23 milliards d'euros, creusant ainsi l'écart avec la CDP qui avait reconnu qu'il y avait peu de marge pour améliorer la sienne qui tourne autour de 19,3 milliards d'euros.

Vivendi met la pression

Ces offres sont restées très éloignées des attentes de Vivendi, principal actionnaire de Telecom Italia avec une part de 23,75%, qui avait réclamé 31 milliards d'euros.

Une source proche de Vivendi avait annoncé la couleur en estimant il y a une dizaine de jours que "la saison des offres" pour le réseau de Telecom Italia devrait toucher à sa fin, ajoutant que le conseil d'administration du groupe italien devrait rejeter ces nouvelles propositions.

"La rhétorique selon laquelle TIM doit vendre le réseau pour survivre doit être fermement réfutée, car il existe d'autres plans qui permettent d'atteindre le même objectif avec un effort économique moindre", a-t-elle ajouté, sans en préciser la nature.

Une attitude qui a apparemment fortement déplu au gouvernement italien, actionnaire à hauteur de 9,8% de l'opérateur historique à travers la CDP, qui soutient le plan stratégique du PDG Pietro Labriola prévoyant la scission entre le réseau et les activités de services.

A tel point que le gouvernement nationaliste dirigé par Giorgia Meloni "a jugé bon d'envoyer un signal clair aux Français" en appuyant la candidature d'Alessandro Pansa comme nouveau membre du conseil d'administration de TIM, écartant celle proposée par Vivendi, a rapporté le quotidien la Repubblica.

Telecom Italia a désigné il y a une semaine M. Pansa, président de sa filiale Sparkle, comme nouvel administrateur, prenant le contrepied de Vivendi qui avait soutenu Luciano Carta, ancien président du groupe d'armement Leonardo.

Le gouvernement s'en mêle

Interrogée sur Vivendi par la presse italienne à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron à Paris, Giorgia Meloni a répondu que le sujet "n'a pas fait l'objet du débat" mercredi, sans exclure d'en parler à une autre occasion avec le président français.

Fort du soutien du gouvernement, Pietro Labriola s'est montré confiant quant à l'issue du vote du conseil d'administration. "Tout va bien, je souhaite le meilleur pour l'entreprise", a-t-il déclaré mercredi à Milan a propos de l'examen des offres en cours.

Le premier objectif de M. Labriola, qui avait été nommé au poste de PDG en janvier 2022 avec le soutien de Vivendi, est de diminuer la lourde dette de Telecom Italia qui s'élève à 25,8 milliards d'euros.

Une première tentative de KKR de prendre le contrôle de la totalité de TIM avait échoué en avril 2022, se heurtant, là aussi, au refus de Vivendi qui avait jugé son offre trop basse.

Le fonds, qui avait alors proposé 10,8 milliards d'euros, est déjà actionnaire à hauteur de 37,5% de FiberCop, l'opérateur d'une partie du réseau de Telecom Italia.

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