Elliott, qui a porté sa participation potentielle à environ 13,7%, et Vivendi s'affronteront directement pour la première fois le 24 avril lorsque les actionnaires se prononceront sur la proposition du fonds de remplacer certains membres du conseil d'administration de TIM nommés par le groupe de média français.

Evoquant un problème de gouvernance et de performance, le fonds dirigé par Paul Singer a appelé en mars au remplacement de six administrateurs, dont le président Arnaud de Puyfontaine, également président du directoire du groupe français.

TIM a perdu un quart de sa valorisation boursière depuis que Vivendi est entré dans son capital en 2015 puis a resserré progressivement son emprise sur le l'opérateur télécoms italien.

Trois cabinets de conseil aux actionnaires, Glass Lewis, ISS et Frontis, ont recommandé aux actionnaires de TIM de soutienir la proposition d'Elliott de renouvellement du conseil.

"A ce stade, Vivendi semble être plus un passif qu'un actif pour TIM (...) et l'influence de Vivendi n'a pas apporté de stabilité", écrit ISS dans un rapport publié lundi.

Elliott et ses fonds associés détiennent désormais environ 8,8% des actions ordinaires TIM, alors que Vivendi en a 23,9%. L'investisseur activiste possède aussi des options d'achat sur 750 millions d'actions ordinaires, ce qui représente en puissance une participation supplémentaire de 4,9%.

Mais, même si les administrateurs présentés par Elliott obtiennent le soutien des actionnaires lors de l'assemblée générale du groupe italien, aucune indication claire sur sa gouvernance ne devrait émerger avant plusieurs semaines.

A la suite de la demande d'Elliott le mois dernier, huit membres du conseil placés par Vivendi ont en effet démissionné, ce qui requiert un vote sur une refonte totale du conseil lors d'une assemblée générale extraordinaire convoquée pour le 4 mai.

Si Elliott réclame un renouvellement du conseil, il soutient l'administrateur délégué Amos Genish, placé à son poste par le groupe français. Ce dernier risque néanmoins de ne pas vouloir y rester s'il ne peut pas compter sur le soutien du conseil de Telecom Italia, font remarquer des sources proches du dossier.

Lors d'une présentation de ses projets pour TIM, Elliott a noté qu'une cession des actifs de réseaux - fixe et sous-marin - entraînerait une revalorisation du groupe de télécoms, avec une création de valeur qu'il estime à sept milliards d'euros.

Il évalue le réseau fixe à 15 milliards d'euros, le réseau sous-marin Sparkle à deux milliards et la valeur d'entreprise de Telecom Italia, en excluant ces deux actifs, à 17 milliards.

Elliott considère qu'il n'y aura pas à choisir un nouveau conseil en mai si ses propres candidats sont élus en avril. TIM, dit en revanche que même si les administrateurs proposés par Elliott sont élus, il faudra voter un nouveau conseil en mai.

Le conseil d'administration de Telecom Italia se réunit ce lundi pour examiner la décision des commissaires aux comptes de modifier l'ordre du jour de l'assemblée générale du 24 avril pour y inclure les propositions du fonds d'Elliott.

TIM a connu trois administrateurs délégués depuis que le groupe français a investi dans l'opérateur italien en 2015.

L'Etat italien, qui considère TIM comme une entreprise stratégique, est intervenu dans ces manoeuvres entre Vivendi et Elliott en entrant au capital de l'opérateur via l'établissement public CDP.

L'action Telecom Italia, très volatile, a gagné 0,12% en Bourse de Milan après avoir perdu jusqu'à 5% en début de séance.

(Avec Valentina Za et Stefano Rebaudo, Claude Chendjou et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Agnieszka Flak

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia