HOLZMINDEN (dpa-AFX) - Tourmente chez les grands fabricants de parfums : les autorités de la concurrence enquêtent sur des soupçons d'entente sur les prix. Selon un communiqué publié mardi soir, la Commission européenne craint que "des entreprises et une association dans le secteur des parfums au niveau mondial aient pu enfreindre le droit de la concurrence de l'UE, qui interdit les ententes et les pratiques commerciales restrictives". L'autorité n'a pas cité de noms. La Commission suisse de la concurrence (Comco) a été plus précise en confirmant sa propre enquête antitrust et a cité mercredi matin Symrise, Firmenich International, Givaudan et International Flavors & Fragrances comme entreprises concernées.

Le groupe allemand Symrise a confirmé avoir été contacté par la Commission européenne dans le cadre d'une enquête sur d'éventuels accords de prix dans le secteur. Le siège social de Symrise à Holzminden, en Basse-Saxe, est concerné par l'enquête. Il n'y a pas encore de détails. Symrise coopère pleinement.

De telles enquêtes sont généralement très longues, a expliqué l'analyste Celine Pannuti de la banque JPMorgan dans une première réaction. En même temps, les amendes éventuelles ne devraient pas être aussi élevées que le suggèrent les règles de la Commission européenne.

En effet, la Commission européenne indique que les amendes dans les procédures antitrust représentent généralement 15 à 20 pour cent du chiffre d'affaires concerné, avec un plafond de 10 pour cent du chiffre d'affaires annuel des entreprises concernées.

L'action Symrise a chuté de près de 4% à 91,98 euros mercredi matin. En cette année boursière 2023, elles sont désormais, avec une baisse de 9,5 pour cent, la lanterne rouge de l'indice directeur allemand Dax, qui a progressé d'un peu plus de 11,5 pour cent depuis le début de l'année.

La présentation des résultats définitifs et des perspectives annuelles de Symrise ce mercredi a été quelque peu éclipsée par les enquêtes de concurrence.

Selon le communiqué, le fabricant de parfums et d'arômes s'attend à une rentabilité en 2023 dans le bas de sa fourchette d'objectifs à moyen terme. La marge bénéficiaire avant intérêts, impôts et amortissements (marge Ebitda) devrait atteindre environ 20 pour cent cette année. Le président du groupe, Heinz-Jürgen Bertram, table sur une hausse modérée du coût des matières premières. En 2022, l'entreprise avait déjà ressenti une augmentation des coûts des matières premières, de la logistique et de l'énergie.

En 2022, comme on le sait depuis janvier, la marge bénéficiaire d'exploitation est passée de 21,3 pour cent à 20,0 pour cent - et ce chiffre ne tient pas compte d'une correction de valeur de 126 millions d'euros sur la participation de près de 30 pour cent dans le spécialiste de l'alimentation pour animaux domestiques Swedencare. Si l'on exclut cette charge exceptionnelle, le bénéfice d'exploitation de l'année dernière a augmenté de plus de 13 pour cent pour atteindre 922 millions d'euros. Au final, Symrise a gagné 406 millions d'euros, soit 8 % de plus que l'année précédente. Le dividende devrait augmenter de 3 centimes pour atteindre 1,05 euro, soit une hausse moins importante que celle attendue par les analystes.

La croissance de Swedencare a souffert en 2022 de la diminution des commandes des grands clients, ceux-ci ayant d'abord réduit leurs stocks importants. Le cours de l'action Swedencare avait alors chuté de plus de 80% en 2022. Toutefois, entre fin 2016 et fin 2021, il avait également grimpé de 2800%. D'une manière générale, Bertram reste confiant dans le fournisseur de compléments alimentaires, notamment pour les soins dentaires et les articulations.

Le manager voit également un grand potentiel dans le marché des aliments pour animaux de compagnie. Ces dernières années, Symrise a fortement développé ses activités dans le domaine des compléments alimentaires pour animaux de compagnie, notamment avec les rachats de Giraffe Foods, Schaffelaarbos et Wing Pet Food. La division est ainsi devenue un moteur de croissance essentiel et a continué à fournir des résultats en 2022 : elle a connu une croissance à deux chiffres dans toutes les régions.

Dans l'ensemble, la division Taste, Nutrition & Health, qui regroupe les additifs alimentaires pour l'homme et l'animal, dont fait partie Pet Food, a également connu une forte croissance en 2022 : elle a progressé de plus de 15% par ses propres moyens et de près d'un quart si l'on inclut les acquisitions et les effets de change.

Contrairement à la deuxième division, Scent & Care, qui s'occupe des parfums, Taste, Nutrition & Health a maintenu sa croissance à un niveau élevé en fin d'année. Au quatrième trimestre, la croissance autonome s'est élevée à près de 18%, contre 1% seulement pour l'activité parfums. L'analyste de JPMorgan Pannuti a vu dans cette dernière une plus grande déception.

Au total, Symrise a connu une croissance de plus d'un cinquième en 2022, avec une augmentation de 11,4 pour cent par ses propres moyens, c'est-à-dire en excluant les acquisitions et les effets de change. Jusqu'en 2025, la direction de l'entreprise prévoit une croissance annuelle moyenne de 5 à 7 % par ses propres moyens. L'estimation moyenne des analystes pour 2023 se situe dans le bas de la fourchette./mis/mne/stk