par Claude Chendjou

PARIS, 17 janvier (Reuters) - La Chine ne sera pas le moteur de la croissance mondiale en 2024 et cette année pourrait être marquée par un nouveau désordre mondial avec une volatilité accrue sur les marchés, indique-t-on chez Swiss Life Asset Managers, où l'on se montre néanmoins optimiste sur les objectifs d'inflation des banques centrales avec à la clé une baisse des taux dès avril.

"La Chine a cessé d'être le moteur de la croissance du monde et les mesures de relance mises en place par les autorités sont insuffisantes" a déclaré à Reuters Marc Brütsch, chef économiste de Swiss Life AM.

Cette déclaration intervient alors que les données officielles, publiées mercredi, montrent que l'économie chinoise a progressé de 5,2% en 2023, un rythme certes supérieur à l'objectif de 5% du gouvernement, mais inférieur aux attentes des économistes.

La deuxième puissance mondiale reste pénalisée par la crise persistante dans le secteur de l'immobilier, le moral en berne des consommateurs et des entreprises et l'endettement croissant des collectivités locales.

Marc Brütsch note en outre que le taux de croissance du quatrième trimestre bénéficie d'effets de base favorables et que le produit intérieur brut (PIB) de la Chine va tomber cette année sous les 5%, à 4,7%.

"La Chine se trouve au bord d'une déflation", écrit-il dans un document présentant les perspectives économiques pour cette année de la branche de gestion d'actifs de l'assureur suisse, qui table sur un taux d'inflation de seulement 1,0% pour la Chine en 2024.

L'INFLATION VUE À 2,1% EN ZONE EURO

Pour Marc Brütsch, c'est plutôt l'Europe qui devrait, dans une certaine mesure, tirer à terme la croissance mondiale avec notamment l'effet différé des hausses de salaire qui va permettre un rebond de la demande. Swiss Life AM table sur une croissance de 0,3% en zone euro cette année, de 0,4% au Royaume-Uni et de 1,0% en Suisse.

Ces prévisions de croissance s'accompagnent d'un reflux des pressions sur les prix avec une inflation prévue cette année à 2,1% en zone euro, 3,0% au Royaume-Uni et 1,7% en Suisse.

Dans ce contexte, le gestionnaire s'attend à une baisse du coût du crédit qui débutera dès avril pour atteindre sur l'ensemble de l'année 150 points de base (pdb) en zone euro, 125 pdb aux Etats-Unis et 25 pdb en Suisse.

Selon Swiss Life AM, le taux de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) pourrait refluer jusqu'à 2,25% d'ici 2025, tandis qu'aux Etats-Unis, la Réserve fédérale pourrait ramener les taux fédéraux à 3,5% à cette échéance.

Swiss Life AM exclut cependant un retour à des taux zéros, voire négatifs, sauf chocs majeurs, estimant que les banques centrales sont plutôt à la recherche d'un taux neutre, c'est-à-dire qui ni stimule ni ne freine l'économie.

Cet assouplissement monétaire attendu devrait toutefois s'accompagner, selon Swiss Life AM, d'une forte volatilité sur les marchés, notamment sur celui des devises, dans un contexte de divergences sur le début du cycle de baisse du loyer de l'argent et des risques géopolitiques prévus cette année.

"La tendance à un nouveau désordre mondial s'accentue", souligne Swiss Life AM, notant que l'indice d'incertitude en Europe, qui est monté à près de 375 points en 2023 avant de refluer autour de 275, repart à la hausse en ce début de 2024, dans un contexte d'année électorale record, notamment aux Etats-Unis.

Swiss Life AM préconise dans ce contexte un positionnement long en matière de risque crédit, avec une sous-pondération en début d'année et une augmentation de son exposition de manière sélective, en privilégiant notamment le segment "high grade" (actifs de qualité) au détriment du "high yield" (rendements élevés). (Rédigé par Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)