Zurich (awp) - Swatch n'est pas épargnée par le vent contraire qui souffle actuellement sur l'industrie horlogère suisse. La marque horlogère biennoise a vu ses ventes chuter sur les six premiers mois de l'année, plombées par la forte baisse de la demande en produits de luxe en Chine. Aucun licenciement n'est toutefois à l'ordre du jour.

Le chiffre d'affaires net de Swatch a reculé au premier semestre 2024 de 14,3% sur un an à 3,45 milliards de francs suisses, a indiqué lundi le groupe horloger biennois dans un communiqué. Hors effets de changes, les ventes n'ont reculé que de 10,7%.

Au niveau opérationnel, le résultat d'exploitation est lui aussi en net recul de 70,2% à 204 millions. Le bénéfice net a également fortement diminué de 72% à 136 millions.

Ces résultats ont clairement manqué les prévisions des analystes consultés par l'agence AWP.

Le groupe horloger s'attend néanmoins à une amélioration de la situation au second semestre. Une forte croissance est attendue au Japon et aux Etats-Unis, et les perspectives dans de nombreux pays européens sont prometteuses. La marque Omega bénéficiera d'une visibilité médiatique mondiale en tant que chronométreur officiel des Jeux olympiques de Paris. Le marché chinois restera par contre difficile pour l'ensemble de l'industrie du luxe jusqu'à la fin de l'année.

Le programme de réduction des coûts lancé par Swatch en début d'année commence par ailleurs à porter ses fruits. Le plein impact positif, notamment sur les résultats de production, se fera sentir au second semestre.

Nick Hayek surpris

Revenant sur la mauvaise performance de Swatch Group, son patron Nick Hayek s'est dit surpris par la forte baisse de la demande en produits de luxe dans l'Empire du Milieu. "En Chine, ainsi qu'à Hong Kong et Macao, nous avons subi une baisse de nos ventes d'environ 30%. Nous ne nous attendions pas à un recul aussi fort en début d'année", a déclaré le directeur général dans une interview à l'agence AWP. Dans ce pays asiatique, le climat de consommation souffre de la crise du marché immobilier et s'est également détérioré en raison du chômage croissant chez les jeunes.

Les marques du segment luxe du groupe biennois, comme Blancpain, Breguet et Omega, ont été particulièrement touchées par la mauvaise performance en Chine. "Quand il s'agit de produits de luxe, les Chinois attendent avant de dépenser leur argent pour une montre ou des bijoux coûteux", a poursuivi M. Hayek. La situation dans l'Empire du Milieu restera difficile pour l'ensemble de l'industrie du luxe jusqu'à la fin de l'année.

En revanche, les ventes de marques moins chères en Chine ont enregistré de meilleurs résultats. Par exemple, les montres Swatch se sont bien vendues, leur chiffre d'affaires ayant progressé de 10%, selon M. Hayek.

La bonne marche des affaires dans de nombreux pays du monde et les perspectives à long terme de l'industrie horlogère, qui restent très bonnes, empêchent le groupe horloger de prendre des mesures drastiques. "Nous n'avons pas supprimé d'emplois, ni introduit de chômage partiel. Nous souhaitons maintenir nos capacités de production afin de pouvoir répondre rapidement à une demande accrue", a souligné le directeur général.

Avec des résultats pires qu'escomptés au premier semestre, Swatch a déçu les investisseurs à la Bourse suisse. La porteur a terminé en chute de 9,8% à 170,70 francs suisses, dans un indice SLI en recul de 0,9%.

Les premiers développements positifs, tels que l'augmentation de la marge opérationnelle à plus de 15% annoncée par Swatch en juin, ont empêché une baisse encore plus significative, ont indiqué les courtiers.

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