(Actualisation: précisions sur les activités en Russie et leurs perspectives, le ratio de solvabilité Core Tier 1 et la politique de dividende).

Société Générale (GLE.FR) a annoncé jeudi que son bénéfice net avait bondi de 79% au quatrième trimestre 2014 par rapport à la période correspondante de l'exercice précédent, qui avait été affectée par une amende de 445,9 millions d'euros infligée par la Commission européenne au terme d'une enquête pour tentative de manipulation du taux Euribor.

La troisième banque française cotée en termes d'actifs a dégagé un bénéfice net de 511 millions d'euros sur les trois derniers mois de l'année, contre 191 millions d'euros un an plus tôt.

Le produit net bancaire de la banque d'investissement a dégagé une croissance robuste au quatrième trimestre, soutenue par les activités actions et obligataires. La banque pourrait toutefois continuer de pâtir de son exposition à la Russie, où elle détient Rosbank, l'une des plus grandes banques du pays. Bien que la Russie ne représente actuellement que 5% environ du produit net bancaire total du groupe, Société Générale a eu de grandes ambitions dans ce pays et comptait sur Rosbank pour soutenir sa croissance lorsque l'Europe se trouvait plongée dans la crise financière.

Perte attendue en Russie en 2015

L'activité russe de Société Générale a accusé une perte nette de 11 millions d'euros au quatrième trimestre, pénalisée par les sanctions économiques imposées par l'Union européenne et les Etats-Unis contre Moscou, par la faiblesse de l'économie et celle du rouble.

La banque française a indiqué qu'elle s'attendait également à enregistrer une perte en Russie cette année. Alors que les défaillances sur les prêts continuent d'augmenter, Société Générale réduit son exposition à la Russie.

Le directeur général délégué du groupe, Bernardo Sanchez Incera, a observé que la banque avait resserré ses conditions d'octroi de prêts de façon significative en Russie.

Société Générale a également réduit ses financements directs à son activité russe de 600 millions d'euros cette année, à 700 millions d'euros à fin décembre.

La banque de détail souffre en France

En France, la contribution de la banque de détail au résultat net part du groupe a diminué de 16% au quatrième trimestre, à 241 millions d'euros, affectée par une économie stagnante et la faiblesse des taux d'intérêt.

Cependant, le bénéfice net de la banque de grande clientèle et solutions investisseurs, qui comprend la banque d'investissement, les activités de marché et la gestion d'actifs, a atteint 407 millions d'euros au quatrième trimestre, à comparer à une perte de 184 millions d'euros pour les trois derniers mois de 2013.

Société Générale a par ailleurs confirmé son objectif d'atteindre un rendement des capitaux propres de 10% d'ici à 2016, à comparer à 7,3% l'année dernière, hors gains exceptionnels et pénalités éventuelles.

Société Générale, qui fait l'objet d'une enquête des autorités américaines pour violation présumée des sanctions imposées par les Etats-Unis à l'encontre de certains pays, a augmenté de 200 millions d'euros ses provisions pour litiges au quatrième trimestre, à 1,1 milliard d'euros au total.

La déception du ratio Core Tier 1

Le ratio de solvabilité Core Tier 1 de la banque s'établissait à 10,1% au 31 décembre 2014, contre 10,4% à la fin septembre. "C'est l'un des aspects décevants des résultats", a estimé John Peace, analyste chez Nomura.

Société Générale a attribué la légère diminution de son ratio de fonds propres ce trimestre à un ajustement comptable, à la cession d'actifs au Brésil et à la réévaluation de certains engagements de retraite.

La banque propose un dividende en numéraire de 1,2 euros par action au titre de l'exercice 2014, indiquant qu'elle porterait son taux de distribution à 50% l'an prochain.

Le produit net bancaire du groupe a augmenté de 7,5% au quatrième trimestre, à 6,12 milliards d'euros contre 5,70 milliards d'euros un an auparavant.

La semaine dernière, BNP Paribas, la première banque française cotée en termes d'actifs, avait publié un bénéfice net en nette hausse au quatrième trimestre, à 1,3 milliard d'euros, signe que la banque se redresse après une année 2014 marquée par l'amende record versée aux Etats-Unis pour infraction aux sanctions internationales.

-Noémie Bisserbe, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck et Céline Fabre)