- par Alexander Hübner

Munich (Reuters) - Siemens ne ressent pas encore les effets de l'affaiblissement de la conjoncture.

Le groupe technologique munichois peut encore compter sur un carnet de commandes record de 105 milliards d'euros, qui garantit son chiffre d'affaires jusqu'au prochain exercice. Les commandes devraient se normaliser au cours des prochains mois, car la crainte des clients d'être confrontés à des problèmes de livraison s'estompe, comme l'a expliqué mercredi le président du directoire Roland Busch lors de la présentation du bilan trimestriel. La demande de biens d'équipement, tels que ceux produits par Siemens, est toutefois robuste. Les principaux secteurs ont produit des résultats records au deuxième trimestre (fin mars). Il y a très peu d'annulations. "Cela signifie que nous sommes très confiants pour la deuxième moitié de l'exercice malgré un environnement volatil", a déclaré Busch.

C'est pourquoi le directoire a revu pour la deuxième fois à la hausse ses prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfices pour 2022/23 (à fin septembre). Il s'attend désormais à une croissance du chiffre d'affaires de neuf à onze pour cent sur une base comparable (contre sept à dix pour cent auparavant). Le secteur de l'automatisation Digital Industries reste le principal moteur de la croissance. Mais c'est le secteur de la construction et de l'électrotechnique Smart Infrastructure qui, selon Busch, progresse le plus. Rien que pour les mois de janvier à mars, le chiffre d'affaires a augmenté de 15 pour cent pour atteindre 19,4 milliards d'euros. Les commandes ont augmenté dans la même proportion, à 23,6 millions d'euros, surmontant ainsi le petit creux de fin d'année.

Le résultat par action issu des activités courantes devrait atteindre 9,60 à 9,90 euros sur l'ensemble de l'année (contre 8,90 à 9,40 euros précédemment). C'est au moins 50 centimes de plus que ce que les analystes attendaient récemment. Cela a fait grimper l'action Siemens jusqu'à 3 % mercredi, à 153,36 euros, son plus haut niveau depuis un an et demi. Le titre a ainsi été le plus grand gagnant du Dax. La hausse des prévisions laisse présager un second semestre solide, ont écrit les analystes de Jefferies.

Au bénéfice d'exploitation attendu s'ajoutent 2,01 euros par action - soit 1,6 milliard d'euros au total - provenant du redressement du cours de l'ancienne filiale de technologie énergétique Siemens Energy, dont Siemens détient encore 32%. Le bénéfice comptable a permis à Siemens de quasiment tripler son résultat net au deuxième trimestre, à 3,55 milliards d'euros (contre 1,21 milliard d'euros l'an dernier). Le résultat des activités industrielles a augmenté de 47% à 2,61 milliards d'euros, mais a manqué de peu les attentes des analystes.

Le directeur financier Ralf Thomas maintient néanmoins son objectif de se désengager complètement de Siemens Energy. "Mais cela prendra un peu de temps". Il sera probablement en mesure d'en dire plus sur les prochaines étapes en novembre, a expliqué Thomas. Une vente progressive des actions, qui valent actuellement plus de six milliards d'euros, est envisageable.

Le président du directoire Busch mise sur le fait que les mégatendances telles que la pénurie de main-d'œuvre qualifiée et l'efficacité énergétique joueront en faveur de Siemens à long terme. Les marchés importants pour le groupe devraient croître de 7% par an jusqu'en 2027. Au final, cela représenterait 175 milliards d'euros de plus. Et Siemens veut progresser encore plus : "Nous n'abandonnons pas notre objectif de gagner des parts de marché", a déclaré Busch aux analystes. De nouvelles usines - donc une croissance par nos propres moyens - et de petites acquisitions qui complètent le portefeuille sont au premier plan. Mais Siemens n'exclut pas non plus des acquisitions plus importantes. "Il faut que ça colle", a déclaré Busch.

LES INDUSTRIES NUMÉRIQUES REPRÉSENTENT LA MOITIÉ DES BÉNÉFICES DU GROUPE

Smart Infrastructure et la branche ferroviaire Mobility augmentent leurs capacités en Europe et aux États-Unis. "Si des opportunités de marché se présentent, nous envisageons d'aller plus loin dans l'expansion", a déclaré le président du directoire. Dans la division Mobility, les commandes ont plus que doublé au deuxième trimestre grâce à une commande de locomotives de 2,9 milliards d'euros en Inde, et le chiffre d'affaires a augmenté de plus de 20 pour cent dans chacune des trois divisions. Ils ont ainsi compensé la faiblesse de la filiale de technique médicale Siemens Healthineers, qui est en pleine restructuration tant dans le domaine du diagnostic que des robots chirurgicaux.

La moitié du bénéfice d'exploitation, soit 1,3 milliard d'euros, est à mettre sur le compte de la division d'automatisation industrielle Digital Industries. Ses prises de commandes ont faibli, avec une baisse de 10 pour cent. Le passage des licences à un modèle d'abonnement pour les logiciels se déroule toutefois plus facilement que ce que l'on craignait. Le chiffre d'affaires devrait augmenter jusqu'à 20 pour cent en 2022/23 (jusqu'à 15 pour cent auparavant), avec une marge de 22,5 à 23,5 pour cent. Le résultat de Smart Infrastructure a même augmenté de 75% pour atteindre 779 millions d'euros. Pour cette division, Siemens a revu à la hausse ses prévisions de croissance, qui devraient atteindre 14 à 16% (contre 9 à 12% auparavant).

(Rapport d'Alexander Hübner ; collaboration : John Revill à Zurich ; rédigé par Sabine Wollrab. Pour toute question, veuillez contacter notre rédaction à berlin.newsroom@thomsonreuters.com (pour Politique et conjoncture) ou frankfurt.newsroom@thomsonreuters.com (pour Entreprises et marchés).