Berlin (awp/afp) - Le patron de Siemens a déploré mercredi que le projet de fusion avec Alstom, menacé d'un veto de la Commission européenne, puisse être dans les mains de "technocrates rétrogrades".

"Il va être intéressant de voir si le futur de la mobilité (ferroviaire) va être déterminé par des technocrates rétrogrades ou des Européens tournés vers l'avenir", a lancé Joe Kaeser, en conférence de presse, en marge des résultats annuels du groupe.

La Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, que le patron allemand avait déjà interpellé en début de semaine sur Twitter, a exprimé à maintes reprises par le passé ses doutes sur la fusion, annoncée en grande pompe en septembre 2017.

Chargée de veiller à ce que l'union annoncée entre Alstom et les activités ferroviaires de Siemens en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix, Mme Vestager s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.

"Le droit de la concurrence européen a pris effet il y 30 dans un contexte complètement différent", a plaidé M. Kaeser jugeant "naïf de croire que les Etats peuvent individuellement faire face à la concurrence chinoise".

Après des semaines de spéculations, Alstom et Siemens ont rendu publics les désinvestissements proposés à la Commission européenne, qui correspondent à 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée. Ils ont consenti en début de semaines à de nouvelles cessions, après avoir pourtant maintenu qu'ils ne pouvaient pas faire plus.

Siemens laisse désormais entendre, qu'en cas de veto de la Commission européenne, il n'exclut pas une introduction en Bourse de sa rentable branche Mobility.

L'historique "konzern" allemand, qui fabrique aussi bien des turbines, des trains, des éoliennes que des logiciels cherche à gagner en souplesse et en visibilité face à ses actionnaires. Il a ainsi déjà placé sur le marché, sa branche énergies renouvelables (Siemens Gmaesa) et d'imagerie médicale (Siemens Healtineers).

"Nous ne sommes ni amers ni énervés, si cela marche tant mieux pour Siemens-Alstom, pour nos clients, et si cela ne marche pas, nous avons d'autres options", a ajouté le dirigeant de Siemens.

Siemens Mobility a en effet signé de très importantes commandes sur cette période (4,55 milliards d'euros), notamment pour équiper le métro de Londres. Alstom a enregistré de son côté 3,39 milliards d'euros de prises de commandes sur la même période.

afp/buc