"Une de vos principales convictions en ce moment est la société Seb. Pour quelles raisons ?
Parmi les thématiques définies dans le cadre de notre processus d'investissement top down, nous trouvons la consommation des pays émergents.
Seb est le leader international du petit électroménager et des articles culinaires. Ses parts de marchés dans le monde dans ces deux segments sont respectivement de 11% et 18%.
60% du chiffre d'affaires est réalisé dans les pays développés et 40% dans les pays émergents dont la moitié provient de l'Asie Pacifique et 11% de la Chine (via sa filiale Supor détenue à 51%).
La volonté est forte du groupe de se développer dans les pays émergents. Le chiffre d'affaires dans cette zone était de seulement 30% en 2005.

Les pays émergents constituent une zone sans doute à privilégier notamment en raison de l'essor de la classe moyenne. En Chine, cette classe moyenne représente 300 millions de personne et est en hausse de 10% par an.
De plus nous observons un phénomène de revalorisation salariale suite à de multiples grèves dans les entreprises chinoises. Nous pouvons nous attendre de ce fait à une augmentation de la consommation du petit électroménager qui est plus facilement accessible avec des prix moyens inférieurs au grand électroménager.
Par ailleurs les réseaux de distribution se développent fortement dans le pays permettant aux articles de la société d'être davantage présents.

Seb affiche une gestion rigoureuse de ses coûts…

La société emploi 21 000 personnes, dont la moitié en Asie où le rapport avec le salaire horaire en France peut aller de 1 à 50.
En outre, la société entreprend des ajustements de ses dépenses de publicité en fonction de l'état du marché ce qui autorise une stabilité dans la maitrise de sa marge opérationnelle.

Qu'en est-il de la stratégie de croissance externe de la société ?
Seb a une culture de croissance externe forte depuis longtemps. La situation financière de la société est très saine. Son levier d'endettement est de 14% aujourd'hui. Le cash flow opérationnel en 2010 atteindra les 350 millions d'euros.
Elle peut se permettre de faire des acquisitions.
D'ailleurs, en ce moment, elle est en pourparlers avec une société colombienne d'articles culinaires, Imusa. On peut également s'attendre à une autre acquisition en Chine pour diversifier son mix produit voire au rachat des minoritaires de Supor.

Quel regard portez-vous sur le marché dans lequel s'inscrit la société ?

Le marché est très atomisé. Certains concurrents ont des noms connus : Electrolux, Indesit…mais la concurrence se retrouve davantage au niveau local.
Grâce à sa politique de production locale Seb a la possibilité de mieux s'adapter aux besoins du client et présente un avantage compétitif en conséquence.
Elle n'a donc pas de structure centralisée avec un siège principal en France qui décide de tous les produits mondiaux.

Quelle est votre appréciation du cours de bourse ?
Le cours est actuellement à 59 euros. Depuis janvier le cours a déjà progressé de +46%.
Nous tablons sur une progression jusqu'à 67 euros, ce qui correspondrait à un potentiel de 15/16% d'ici la fin de l'année 2011. Ce rendement potentiel, dans l'environnement actuel, est très intéressant.
Le management a publié lundi soir ses résultats. Depuis, les analystes ont commencé à réviser à la hausse leurs estimations de résultats. Les ratios de valorisations ont alors vocation à baisser générant un potentiel supplémentaire pour le rebond.

Par rapport à ses principaux concurrents, en termes de PE, Seb se paie avec une prime. Cela nous semble justifié du fait de son exposition aux pays émergents qui est amenée à croitre structurellement à l'avenir et d'une valeur dont on attend un chiffre d'affaires en progression de 4% par an en moyenne jusqu'en 2012.

Quels sont les principaux risques d'un investissement sur ce titre ?
Tout d'abord une baisse de la consommation notamment aux Etats-Unis, phénomène que nous observons déjà et qu'il faudra surveiller. La société réalise 12% de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord.
La baisse de la consommation sera également à contrôler en Russie et en Turquie.
En outre, la société doit réaliser 65% de son résultat opérationnel sur le second semestre. Mais les dirigeants se sont montrés confiants là-dessus lors de la présentation des résultats de mi-parcours.
Enfin, un autre risque réside dans l'augmentation du prix des matières premières : plastique et acier notamment. Le groupe se couvre sur les marchés dérivés à raison de 70% de ses besoins. 30% ne sont donc pas couverts.

De quelle manière vous semble-t-il pertinent de jouer la valeur ?

Il faudrait à mon sens attendre un repli d'environ 5%. La valeur peut rentrer dans tous les portefeuilles du fait de son exposition à l'international.
C'est un moyenne valeur française. Ainsi, elle peut également être incluse dans un portefeuille small et mid caps.

Quelle est votre exposition à la valeur depuis le début de l'année ?

Nous avons initié la position au début du mois de juin. Nous avons progressivement accru notre exposition début juillet.
Actuellement elle représente 2,5% de notre portefeuille Convictions EuropActive.

Propos recueillis par Imen Hazgui
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