Scor a rejeté la semaine dernière une offre amicale de Covéa (GMF, MAAF et MMA) qui le valorise autour de 8,2 milliards d'euros. Covéa en a pris acte, tout en réaffirmant son intérêt pour une offre amicale.

Denis Kessler a déclaré que le fait d'être une entreprise indépendante, sans actionnaire de contrôle, a justement permis à Scor de rebondir plus rapidement après la crise sévère qu'a connue le secteur de l'assurance dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Il a ajouté que sa capacité à gérer plus directement les risques était déterminante sur le long terme pour conquérir de nouveaux clients et conserver les anciens.

"(C'est) la recette secrète", a déclaré le PDG de Scor au cours d'une journée investisseurs à Paris. "Nous devons rendre des comptes pour tout ce que nous faisons."

Denis Kessler a également insisté sur le fait qu'en tant qu'entreprise globale, Scor a besoin d'actionnaires globaux, impliquant ainsi qu'un rachat par Covéa, vu la forte exposition de l'assureur à la France, ne constitue pas le bon scénario.

Ces propos visent à convaincre les actionnaires de Scor de soutenir le PDG dans son rejet de l'offre de Covéa. PDG du réassureur depuis 2002, Denis Kessler peut inscrire à son bilan un bond de 340% du cours de l'action Scor depuis 2009.

L'annonce mardi de l'existence d'une offre de Covéa a fait flamber l'action du réassureur de 9,5%. Mercredi, le titre Scor reperd 2,7% en début d'après-midi.

Au cours de la présentation aux analystes, programmée de longue date, Denis Kessler a déclaré s'attendre à une croissance annuelle de 5% à 7% des primes brutes émises du groupe en 2018 et 2019, et à ce que celles-ci dépassent la barre des 15 milliards d'euros cette année.

Au vu de ces prévisions, Panos Koffa, analyste chez Kepler Cheuvreux, a dit maintenir sa recommandation à l'achat sur la valeur. "Les fondamentaux sains du groupe demeurent, selon moi, la principale raison d'investir dans Scor."

Le groupe a également fait savoir que tous les membres de son conseil d'administration avaient voté contre l'offre de Covéa, à l'exception de Thierry Derez, PDG de Covéa et lui-même administrateur car l'assureur est le principal actionnaire de Scor avec 8,22% du capital. Il a dû s'abstenir du débat pour ne pas être accusé de conflit d'intérêt.

Outre un désaccord sur la valeur de l'opération, Denis Kessler a également pointé du doigt le manque d'expérience de Covéa hors des frontières françaises et dans le secteur de la réassurance.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu mercredi auprès de l'assureur.

(Inti Landauro et Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot)

par Inti Landauro