Retour à la case départ

Alors que les petites capitalisations françaises venaient de prendre le dessus sur le CAC 40 en 2024, 5 jours de Bourse ont effacé 5 mois de performance, soit une dizaine de points. Au niveau européen, le phénomène est logiquement amorti, avec plus ou moins la moitié des gains annuels effacés selon les indices retenus.

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis début 2024

Le timing de cette dissolution surprise de l’Assemblée nationale est particulièrement rude pour les petites valeurs. Après avoir déploré à longueur de rapports mensuels la sous-performance des petites valeurs depuis quelques années, un rattrapage de la classe d’actifs était en train de s’opérer sur fond d’inflexion de la politique de taux de la BCE et de rattrapage économique des PME et ETI. Les ingrédients s’accumulaient pour réenclencher un cercle vertueux : reprise de la collecte de la part des fonds spécialisés, législation favorable (réforme du PEA-PME, incitations fiscales), introductions en Bourse d’envergure plébiscitées (Planisware +62% depuis l’IPO, Exosens+10%) et des opérations financières plus ou moins amicales (sur Micropole, Neoen, ou encore Rubis) …

Il faudra donc, une nouvelle fois, être patient. Et, comme toujours, faire le tri. Ce qu’à ce stade monsieur Marché ne fait pas, et peut difficilement faire tant l’incertitude est grande sur l’issue des élections législatives et les mesures gouvernementales qui, concrètement, seront décidées et réalisées. A ce stade, les craintes évidentes tournent autour de trois thèmes : les victimes de menaces de nationalisation/privatisation (concessions autoroute, médias), les énergies renouvelables et les financières. Des thèmes sous-pondérés au sein des petites valeurs. Mais lorsque l’on élargit le scope aux entreprises directement impactées par les décisions d’investissement des entreprises, la consommation discrétionnaire et le loyer de l’argent, les valeurs refuges se font rares.

SI l’on regarde les capitalisations boursières françaises allant de 100 M€ à 10 Md€, les plus fortes baisses sont de l’ordre de 25% et touchent logiquement les titres très endettés, puis la consommation discrétionnaire (SMCP, Nacon, Fountaine Pajot) et la transition énergétique (Hoffman Green Cement, Okwind). Pour éviter la baisse, il fallait soit être sous OPA (comme celle annoncée cette semaine sur NHOA, société italienne de stockage d'énergie cotée à Paris qui est rachetée par son actionnaire majoritaire Taïwanais) soit avoir un titre suffisamment peu liquide pour ne pas encore acter la remontée des primes de risque.

Palmarès des variations sur 5 jours suivant l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale 

Vous retrouverez ici les gagnants et perdants (par valeur et par secteur) sur différentes périodes des composantes de l’indice CAC Mid&Small.

Terminons par un graphique actualisé par le cabinet de recherche spécialisé Idmidcaps. Il rappelle la faible valorisation relative des petites valeurs cotées au regard des grandes et de leurs équivalents non cotés.

 

Multiples de valorisation (VE/EBE) des petites et grandes capitalisations françaises et des transactions dans le non coté (Idmidcaps)

Les remarques générales

(Source : Quantalys, rapport mensuel des sociétés de gestion)

De façon générale, nous remarquons que :

Les derniers arbitrages des pros

  • Gay-Lussac Microcaps bénéficie de la bonne dynamique sur les petites capitalisations avec une valeur liquidative en hausse de 2,6 %. Plusieurs anomalies de valorisations nous semblent encore présentes sur ce segment de la cote, d’où des offres publiques toujours nombreuses. Du côté des achats, nous avons renforcé nos principales convictions au cours du mois. Ce fut notamment le cas de Neurones, dont le premier trimestre s’est affiché en croissance organique de 8,6% et la marge opérationnelle à 10,2%. Parmi les « petites » ESN encore cotées, Neurones se distingue à nos yeux par une récurrence importante et des avantages compétitifs notables, tels que la certification SecNumCloud. Nous avons également renforcé notre ligne Gerard Perrier, dont la prudence et la qualité structurelle de gestion justifient une valorisation néanmoins généreuse. L’activité du groupe bénéficie de marchés porteurs comme le nucléaire, l’aéronautique ou encore la défense. Nous avons par ailleurs complété notre ligne Cembre, qui affiche toujours une bonne dynamique en ce début d’année. Du côté des vente, nous avons cédé notre ligne Clasquin, sous offre de MSC, afin d’arbitrer le solde vers de meilleures opportunités. Pour la même raison, nous avons cédé notre ligne Epsilon Net. Enfin, nous avons allégé notre position en Infotel. Le discours du management nous semble contredire des signaux que nous observons par ailleurs et la visibilité semble amoindrie ».

 

  • Tailor Actions Entrepreneurs a performé en ligne avec son indice de référence après un excellent début d’année et observe que « les valeurs bancaires ont continué de performer (Banco de Sabadell, Banco BPM, BCP) ; dans la technologie, l’Intelligence Artificielle est toujours au centre de l’attention (Suss Microtec, ASM International) ; dans les cycliques, de fortes hausses ont été constatées (Buzzi Unicem, Renault, ID Logistics ou encore Eramet). Après la dernière période de publications des sociétés, les perspectives semblent continuer de s’améliorer et malgré un mois de juin où nous n’attendons rien de spécial, la baisse des taux européens pourrait être un catalyseur ». A noter que le fonds a sorti 3 lignes sur 32 le mois précédent sans les mentionner.

 

  • Le fonds MCA Entreprendre a profité en mai de Groupe Pizzorno (+1,09%) qui a « annoncé des résultats 2023 en forte progression, avec un résultat opérationnel en hausse de 36%, faisant ressortir une marge opérationnelle de 7,1%. Le carnet de commandes est très important et renforcé courant mai avec l’extension d’un gros contrat sur la Côte-d’Azur représentant 186M€ sur 7 ans », Quadient grâce à une « bonne publication pour leur T1 avec une croissance de 1% en organique. La société présentera un nouveau plan stratégique très attendu d’ici mi-juin. » et enfin Medincell avec des résultats positifs de l'essai de phase 3 de Solaris, qui traite les adultes atteints de schizophrénie. La société montpelliéraine poursuit son beau parcours boursier, et le potentiel nous semble encore important compte tenu des perspectives de développement dans les prochaines années. Courant mai, nous avons réinitié une position en Derichebourg pour jouer le redémarrage des valeurs cycliques. Ce choix contrariant a été porté par le retournement opérationnel d’Elior et l’anticipation par les marchés d’une réaccélération de l’économie ».

 

  • HMG Découvertes a progressé de 5.7% en mai notamment grâce à « l’envol (+31,6%) du cours du producteur d’énergies renouvelables Neoen, qui a annoncé que son actionnaire majoritaire était entré en négociations afin de vendre Neoen au fonds canadien Brookfield, ce qui déclenchera une OPA pour l’ensemble des actionnaires. Outre cette nouvelle opération financière sur le portefeuille, en l’absence d’actualité périodique des entreprises, les plus fortes variations haussières ont été portées par des flux acheteurs qui ont notamment concerné des valeurs ayant été le plus fortement pénalisées ces derniers trimestres, à l’instar du promoteur immobilier Altaréa (+31,9%), du spécialiste des accessoires pour jeux vidéo Guillemot (+22,2%) ou du distributeur Maisons du Monde (+17,1%). Le spécialiste de la relation client (courrier, logiciels et colis) Quadient a vu, pour sa part, son cours progresser (+23,2%) avec l’annonce d’une activité trimestrielle conforme aux attentes, mais plus sûrement, avec l’information selon laquelle son premier actionnaire, le groupe de M. Kretinsky, lançait une offre publique en vue d’acquérir une importante société connexe, le groupe anglais IDS qui regroupe Royal Mail et l’activité de logistique de colis de GLS. Côté contre-performances, elles sont restées ce mois-ci très contenues, et l’on ne peut relever que le repli (-7,7%) du cours du réassureur Scor après une publication trimestrielle légèrement décevante, qui ne nous inquiète nullement puisque la ligne a été complétée à cette occasion. Outre Scor, sur le mois, de nombreuses positions ont été renforcées, comme celles dans la groupe vétérinaire Virbac, qui semble injustement demeurer à l’écart du mouvement de reprise du marché boursier, celle en Altaréa (avant la hausse de son cours), celle en Fnac Darty et en Maisons du Monde, sur l’espoir que la consommation des ménages finisse par se reprendre, ou, à défaut, par l’existence de situations actionnariales permettant de donner crédit à des scénarios plus spéculatifs. Une seule nouvelle ligne est entrée dans le portefeuille ce mois-ci : il s’agit de Linedata (NDLR plus de détails ici). Quelques profits partiels ont notamment été pris en Axway (logiciels), en Mersen (isolation électrique), ainsi qu’en NRJ (médias). Jean-François Delcaire participe autant que possible aux assemblées générales qui battent leur plein à l’approche de l’été.

NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).