Paris (awp/afp) - Le géant français des matériaux de construction Saint-Gobain a réalisé une année 2022 de "records financiers", alignant les chiffres les plus élevés de l'histoire du groupe "sur toutes ses lignes financières", a indiqué son directeur général Benoit Bazin jeudi.

Le chiffre d'affaires a atteint 51,19 milliards d'euros, passant pour la première fois au-dessus de la barre des 50 milliards, en hausse de 15,9%, tandis que le bénéfice net s'établissait à 3 milliards d'euros, en hausse de 19,1%, également pour la première fois à ce niveau.

"Je sais que d'autres groupes ont parlé de Grand Chelem, je n'ai pas la prétention du Grand Chelem, mais on a un record sur toutes les lignes financières", a dit M. Bazin lors d'une présentation à la presse.

Ces bons résultats, en ligne avec les prévisions des analystes, "valident complètement le positionnement stratégique du groupe qui est le leader mondial de la construction durable", a fait valoir M. Bazin.

Avec les plaques de plâtre, le verre ou les isolants comme la laine de verre ou de roche, et la démonstration faite en 2022 par le groupe que ceux-ci peuvent être produits sans émettre de carbone, "nous déroulons des solutions aux carrefours des enjeux climatiques, des enjeux de pouvoir d'achat et des enjeux de crise énergétique", a estimé le dirigeant.

Le groupe a néanmoins admis une baisse de 1,3% de ses ventes en volume l'an dernier, illustrant le "tassement" de la construction neuve en Europe, aux Etats-Unis et au Brésil, sous l'effet de l'inflation notamment.

Mais le marché de la rénovation énergétique des bâtiments, soutenu par des aides publiques un peu partout dans le monde pour alléger les dépenses de chauffage ou de climatisation et répondre au réchauffement climatique, "est très résilient", a souligné le directeur-financier du groupe, Sreedhar N.

Le groupe a indiqué qu'il avait coupé tout lien avec ses activités russes, sans les vendre, qui représentent 0,5% du chiffre d'affaires du groupe. "Nous avons coupé l'informatique et gelé les investissements", a dit M. Bazin, "mais nous ne vendons pas pour un rouble, car nous ne voulons pas enrichir le gouvernement russe" a-t-il dit.

"Ralentissement modéré en 2023" ___

Saint-Gobain a aussi donné le feu vert pour des investissements dans l'ouest de l'Ukraine en 2023, "des petites usines sur lesquelles nous avions des projets avant la guerre", a dit M. Bazin, ce qui permettra au groupe "d'être prêt à accélérer la reconstruction de l'Ukraine", dont nombre de logements et bâtiments publics sont bombardés chaque jour par l'armée russe.

En Chine, qui représente 2,5% des ventes du groupe, la croissance a été plus faible l'an dernier. La direction s'y rend mi-mars pour voir comment le pays rouvre. L'an passé, l'Inde est devenue le pays numéro 3 en terme de rentabilité derrière les Etats-Unis et la France.

En 2023, M. Bazin qui a pris les rênes du groupe mi-2021 succédant à Pierre-André de Chalendar, compte poursuivre la stratégie du groupe, surnommée "grow and impact" qu'il a initiée lorsqu'il était numéro deux.

"Ces quatre dernières années, un tiers du périmètre du groupe a changé" a-t-il résumé. Saint-Gobain s'est délesté de nombreuses activités jugées pas assez proches de ses activités coeur de métier notamment dans la distribution, pour en acheter d'autres dans le domaine de la chimie du bâtiment, avec l'intégration en 2022 de Chryso en France, Kaycan au Canada, et GCP Applied Technologies aux Etats-Unis.

Le groupe "anticipe un ralentissement modéré" de ses marchés en 2023, "avec une situation contrastée entre la baisse de la construction neuve dans certains endroits et la bonne résilience globale de la rénovation" indique un communiqué du groupe. Il prévoit une marge d'exploitation comprise entre 9 et 11%.

En 2023, Saint Gobain prévoit de distribuer à ses actionnaires un "montant total supérieur à 1,4 milliard d'euros" après 1,35 milliards d'euros en 2022.

afp/rp