Ces éléments sur une corruption supposée d'un haut responsable de Nissan étaient liés à ceux qui mettaient en cause trois cadres français de Renault, dit-on de même source, confirmant une information du quotidien Le Parisien.

Une porte-parole de Renault a répondu que le groupe avait toujours coopéré avec la justice et qualifié de calomnie les informations évoquant ce responsable de son partenaire Nissan.

"Tout autre nom mentionné dans la presse (que celui des trois cadres français NDLR) est le fruit de l'imagination de certains et relève de la calomnie pure et simple. Renault n'a jamais demandé, ni aux services de sécurité ni à quiconque, une enquête sur les hauts dirigeants de Nissan", a-t-elle déclaré.

"Renault, comme cela a été affirmé à différentes reprises, a toujours coopéré et n'a jamais fait obstruction à la justice, étant donné que le groupe désire que toute la vérité soit établie dans ce dossier et que les auteurs soient poursuivis", a-t-elle ajouté.

Donnant foi en partie à des accusations portées par son service de sécurité interne, Renault a porté plainte en janvier contre les trois cadres français et les a licenciés mais il n'a pas mentionné ce dirigeant de Nissan.

Cet "oubli" est apparu dans l'enquête de police qui a conclu que toutes les accusations étaient fantaisistes et paraissaient relever d'une escroquerie de Dominique Gevrey, un de ses agents de sécurité, précise-t-on de source judiciaire.

Ce dernier est écroué depuis le 13 mars.

Renault a présenté ses excuses à ses trois cadres.

Carlos Ghosn et le n°2 de Renault Patrick Pélata ont admis avoir pu être trompés par le service de la sécurité. Ils ont annoncé qu'ils renonçaient à leurs primes au titre de 2010.

Le gouvernement français, actionnaire principal de Renault au coude à coude avec Nissan, a rappelé, par la voix de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, que Patrick Pélata avait laissé entendre qu'il démissionnerait si les accusations de la société s'effondraient.

Une assemblée générale des actionnaires est prévue le 29 avril et elle pourrait aborder un audit demandé par le conseil d'administration sur l'imbroglio.

Renault poursuit dans le plus grand secret les négociations avec ses cadres licenciés, qu'il devrait être contraint d'indemniser confortablement. Carlos Ghosn et Patrick Pélata les ont reçus, a indiqué l'avocat de la société.

Deux d'entre eux, Bertrand Rochette et Michel Balthazard, ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas réintégrer Renault. Le troisième, Matthieu Tenenbaum, réserve sa réponse.

Le constructeur n'a pas pu engager la procédure de licenciement de Dominique Gevrey, pour des problèmes de procédure. Il ne peut venir à son entretien préalable, vu qu'il est en prison. Renault lui a payé au moins 310.000 euros pour ses "informations".

Dominique Gevrey avait en 2010 fait licencier un autre cadre de Renault pour des accusations de corruption, qui étaient aussi fausses, a démontré la Direction centrale du renseignement intérieur.

Thierry Lévêque, Gilles Guillaume, Patrick Vignal et Jean-Baptiste Vey